Aujourd'hui,
au lendemain de la Solennité de Saint-Pierre et Saint-Paul, l’Église
notre sainte Mère célèbre la Mémoire des Protomartyrs de la Ville
éternelle. En fidèles disciples, ils ont, avec le Prince des
Apôtres et le Docteur des Nations, glorifié Dieu en offrant leurs
vies d'une manière particulièrement héroïque.
Un
jour, un ambassadeur auprès du Saint-Siège demanda quelques
reliques de saints au Pape saint Pie V, le Pape lui remit tout
simplement un peu de terre recueillie devant la Basilique vaticane.
L'ambassadeur crut
que le Pape s'était moqué de lui et s'en plaignit, mais le saint
Pontife lui montra la terre, alors miraculeusement teinte d'un sang
vermeil.
Quand,
en 1626, sous le pontificat du Pape Urbain VIII, on creusa les
fondements du baldaquin de bronze qui maintenant recouvre l'autel de
la Confession de Saint-Pierre, on trouva de nombreux tombeaux, dont
une grande partie contenaient des ossements calcinés mêlés à de
la cendre et à des charbons. On pensa immédiatement aux martyrs
brûlés par Néron dans son Cirque. Nous pouvons lire dans le récit
de Tacite qui nous relate comment les chrétiens de Rome furent
accusés comme responsables de l'incendie de la Ville par le Tyran
qui fut lui-même l'auteur de ce drame, et furent atrocement
exterminés par ce dernier : « On
ne se contenta pas de les faire périr,
écrivit l'historien romain,
on se fit un jeu de les revêtir de peaux de bêtes pour qu’ils
fussent déchirés par la dent des chiens, ou bien ils étaient
attachés à des croix et enduits de matières inflammables, quand le
jour avait fui, ils éclairaient les ténèbres comme des torches… »
Cette scène, nous pouvons encore la contempler dans la magnifique
toile de Henryk
Siemiradzki, intitulée Les
torches de Néron.
« Ils
éclairaient les ténèbres comme des torches » ;
en écrivant cela, Tacite révéla, sans doute inconsciemment, le
sens profond de la Martyre de ces chrétiens, il prophétisa,
en quelque sorte, comme le grand prêtre Caïphe quand il disait,
lors de la condamnation de Jésus : « Il
est préférable qu'un homme meure plutôt que la nation tout
entière ».
« La
lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point
reçue »
(Jn 1, 5) ; et pourtant, il y eut des hommes et des femmes qui
furent touchés par cette lumière, et ils ne voulurent pas qu'elle
soit engloutie par les ténèbres, alors ils se transformèrent en
charbons, ils se consumèrent, afin que la lumière persiste, afin
que la lumière grandisse, jusqu'à ce que la lumière triomphe,
jusqu'à ce que toutes les ténèbres soient absorbées par cette
lumière.
Telle
est la vocation de ces martyrs, telle est la vocation de tous les
martyrs chrétiens.
Les
martyrs de l'an 64 furent littéralement les témoins de la Lumière
du Christ Jésus, leur unique Maître ; et par leur foi, ils ont
transformé le spectacle de la cruauté du Tyran en un drame sacré,
une louange incomparable à la Sainte Croix.
« Le
Sang des martyrs est la semence des chrétiens »,
nous dit Tertullien. Nous sommes donc la descendance de ces glorieux
martyrs, et nous sommes, nous aussi, appelés à être des témoins
de cette même lumière, en offrant notre vie, chacun et chacune dans
sa vocation propre.
Que
ces glorieux martyrs intercèdent pour nous, amen.
(Ce sermon a été prononcé le lendemain de mon ordination diaconale.)
(Ce sermon a été prononcé le lendemain de mon ordination diaconale.)
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