Aujourd'hui,
l’Église célèbre la Croix glorieuse.
Nous
pouvons cependant nous demander : qu'est-ce que la croix ?
Pourquoi est-elle célébrée par l’Église comme glorieuse ?
N'est-elle pas simplement constituée par quelques morceaux de bois ?
N'est-elle pas une sorte de pilori atroce, un instrument sanguinaire
de supplice et d'humiliation ? Sous l'Empire Romain, des
milliers de personnes ont été pendus, suppliciés et
impitoyablement exécutés sur la croix autour du bassin
méditerranéen ; et hélas, nous ne pouvons ignorer
qu'aujourd'hui, la croix continue son œuvre terrible, dans certaines
régions ténébreuses de ce monde, et elle illustre encore la
barbarie la plus hideuse qu'ont produit les hommes imprégnés de
haine – je pense aux chrétiens massivement massacré en Irak,
certains entre eux ont été exécutés crucifiés par l'état
islamique.
Et parmi les victimes de
la croix, il y a un certain juif, un certain Jésus de Nazareth, que
l'on appelle le Messie, le Fils de Dieu, le plus beau des enfants de
l'homme, devint l'homme de douleur : dépouillé, défiguré,
sans beauté ni éclat, mortifié, méprisé et abandonné de tous
les hommes. Si vous voulez une image réaliste du Christ en croix,
vous pouvez la trouver le magnifique chef d’œuvre de Mikhaïl
Boulgakov, Le
Maître et Marguerite ;
ou bien contempler l'impressionnant Retable d'Issenheim au Musée
d’Unterlinden de Colmar. Je pense que nous ne pouvons arriver à
dessiner une image réaliste de la crucifixion de Jésus-Christ sans
être quelque peu doloriste : la croix est un instrument de la
mort.
Mais
l’Église célèbre la croix glorieuse, et dans la tradition
grecque, cette fête est même intitulée « l'exaltation de la
Croix précieuse et vivifiante » : en quoi la croix
est-elle glorieuse ? En quoi est-elle précieuse et vivifiante ?
Revenons
au jour de la Passion. En désignant le Christ outragé, couronné
d'épine, Ponce Pilate a prononcé cette fameuse phrase mystérieuse :
Ecce
Homo,
voici
l'homme.
Mais oui, le visage de Jésus détruit et confondu, couvert de
blessures, de sang, de sueur et de crachat, c'est le visage de
l'homme, de l'homme déchu ; de l'humanité souillée, avilie et
dégradée par le péché. « Celui qui n'a jamais connu le
péché, Dieu l'a fait péché pour nous, afin qu'en Lui, nous soyons
justifiés par la justice de Dieu », nous dit l'Apôtre saint
Paul. Jésus-Christ s'est fait péché pour nous, afin que par nos
mains, le péché, la cause de notre chute, soit crucifié une fois
pour toutes, et que nous soyons rétablis par l'amour de Dieu, et
devenions enfin ses enfants bien aimés. La croix, l'instrument de la
mort devint ainsi l'instrument du salut.
Oui,
la croix est précieuse, puisqu'elle la preuve de l'amour de Dieu
sans limite ; oui, la croix est vivifiante, puisqu'elle détourne
du péché et de la mort et nous ouvre la porte pour la vie ;
oui la croix est glorieuse, puisqu'elle symbolise la fidélité
patiente et invincible de Dieu qui va jusqu'à nous chercher au fond
de l'abîme pour nous relever.
Mais,
pour que la glorification de la croix soit accomplie, il faut notre
« oui » à cet amour inlassable de Dieu : car Dieu
ne peut nous sauver, nous relever, nous adopter comme ses enfant sans
notre consentement libre décidé et définitif.
Et
dire à l'amour de Dieu c'est mettre la Croix de Jésus-Christ au
centre de notre vie, y rester fidèlement attachés, et qu'elle
devienne l'étendard de notre foi, le sommet de notre fierté.
Ave
Crux, spes unica !
"Salut,
ô Croix, notre unique espérance" ;
Amen
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