Abbe J-S

Abbe J-S

samedi 3 janvier 2015

Homélie du 14 Septembre 2014, l'Exaltation de la Sainte Croix (Rombas)

Aujourd'hui, l’Église célèbre la Croix glorieuse.
Nous pouvons cependant nous demander : qu'est-ce que la croix ? Pourquoi est-elle célébrée par l’Église comme glorieuse ? N'est-elle pas simplement constituée par quelques morceaux de bois ? N'est-elle pas une sorte de pilori atroce, un instrument sanguinaire de supplice et d'humiliation ? Sous l'Empire Romain, des milliers de personnes ont été pendus, suppliciés et impitoyablement exécutés sur la croix autour du bassin méditerranéen ; et hélas, nous ne pouvons ignorer qu'aujourd'hui, la croix continue son œuvre terrible, dans certaines régions ténébreuses de ce monde, et elle illustre encore la barbarie la plus hideuse qu'ont produit les hommes imprégnés de haine – je pense aux chrétiens massivement massacré en Irak, certains entre eux ont été exécutés crucifiés par l'état islamique.
Et parmi les victimes de la croix, il y a un certain juif, un certain Jésus de Nazareth, que l'on appelle le Messie, le Fils de Dieu, le plus beau des enfants de l'homme, devint l'homme de douleur : dépouillé, défiguré, sans beauté ni éclat, mortifié, méprisé et abandonné de tous les hommes. Si vous voulez une image réaliste du Christ en croix, vous pouvez la trouver le magnifique chef d’œuvre de Mikhaïl Boulgakov, Le Maître et Marguerite ; ou bien contempler l'impressionnant Retable d'Issenheim au Musée d’Unterlinden de Colmar. Je pense que nous ne pouvons arriver à dessiner une image réaliste de la crucifixion de Jésus-Christ sans être quelque peu doloriste : la croix est un instrument de la mort.
Mais l’Église célèbre la croix glorieuse, et dans la tradition grecque, cette fête est même intitulée « l'exaltation de la Croix précieuse et vivifiante » : en quoi la croix est-elle glorieuse ? En quoi est-elle précieuse et vivifiante ?
Revenons au jour de la Passion. En désignant le Christ outragé, couronné d'épine, Ponce Pilate a prononcé cette fameuse phrase mystérieuse : Ecce Homo, voici l'homme. Mais oui, le visage de Jésus détruit et confondu, couvert de blessures, de sang, de sueur et de crachat, c'est le visage de l'homme, de l'homme déchu ; de l'humanité souillée, avilie et dégradée par le péché. « Celui qui n'a jamais connu le péché, Dieu l'a fait péché pour nous, afin qu'en Lui, nous soyons justifiés par la justice de Dieu », nous dit l'Apôtre saint Paul. Jésus-Christ s'est fait péché pour nous, afin que par nos mains, le péché, la cause de notre chute, soit crucifié une fois pour toutes, et que nous soyons rétablis par l'amour de Dieu, et devenions enfin ses enfants bien aimés. La croix, l'instrument de la mort devint ainsi l'instrument du salut.
Oui, la croix est précieuse, puisqu'elle la preuve de l'amour de Dieu sans limite ; oui, la croix est vivifiante, puisqu'elle détourne du péché et de la mort et nous ouvre la porte pour la vie ; oui la croix est glorieuse, puisqu'elle symbolise la fidélité patiente et invincible de Dieu qui va jusqu'à nous chercher au fond de l'abîme pour nous relever.
Mais, pour que la glorification de la croix soit accomplie, il faut notre « oui » à cet amour inlassable de Dieu : car Dieu ne peut nous sauver, nous relever, nous adopter comme ses enfant sans notre consentement libre décidé et définitif.
Et dire à l'amour de Dieu c'est mettre la Croix de Jésus-Christ au centre de notre vie, y rester fidèlement attachés, et qu'elle devienne l'étendard de notre foi, le sommet de notre fierté.

Ave Crux, spes unica ! "Salut, ô Croix, notre unique espérance" ; Amen

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire