À
la sainte nuit de Noël, nous avons poursuivi les bergers, ces hommes
qui, à l'annonce des Anges, aussitôt se sont mis en marche, pour
aller voir le Messie nouveau-né, le Sauveur donné par Dieu à son
peuple.
Aujourd'hui,
dans la Sainte Famille sont accueillis de nouveaux adorateurs, venus
de bien plus loin.
Ces
mages, ces bienheureux qui ont contemplé le visage du nouveau Roi,
qui sont-ils ?
Très
probablement, ils sont des astronomes de l'Est, plus précisément,
de la Mésopotamie, là où il y avait déjà une longue tradition de
l'astronomie bien connue.
N'est-ce
pas l'apparition d'une nouvelle étoile qui les a mis en route ?
Oui, mais cette étoile porte en elle une signification bien plus
grande qu'elle-même : « Lumen
requirunt lumine »,
en suivant une
lumière, ces hommes de science cherchaient une autre lumière :
la
lumière ;
et cette lumière, est le Roi qui vient de naître.
Nous
pouvons comprendre plus aisément la promptitude des bergers :
ils sont comme Syméon, comme la prophétesse Anne, ils sont les
pauvres du Seigneur, les pauvres d'Israël, dans leurs misères ils
attendaient la délivrance, et ils ne pouvaient être insensible,
être indifférents à cette annonce angélique : aujourd'hui,
vous est né le Sauveur, c'est le Messie, le Seigneur. Ils
l'entendirent et instantanément ils crurent.
Mais
les mages, que cherchent-ils en cherchant le Roi d'Israël ?
Sans doute, ils n'ignoraient pas la prophétie du prophète païen
Balaam,
venu aussi de la Mésopotamie, que nous lisons dans le Livre des
Nombres : « Un
astre issu de Jacob devient chef et un sceptre se lève, issu
d’Israël », et cet astre sera le « héro » qui
« dominera
sur des peuples nombreux », et « sa royauté sera
exaltée ». (Cf. Nb, 24)
Oui,
dans cette prophétie, les mages y entendirent une promesse de Dieu,
et aujourd'hui, l'éclat de la nouvelle étoile leur annonce la venue
du Roi promis : ce Roi, établi par Dieu, envoyé par Dieu, il
est non seulement le Roi des Juifs, il est aussi le Roi du monde, il
est aussi leur Roi : et ils sont venus pour lui rendre hommage.
Certes,
les mages sont des hommes de science, des hommes qui observent
attentivement le monde et son univers ; mais s'ils scrutent et
interroge le réel avec tant d'insistance, ce n'est pas seulement
pour acquérir toujours plus de connaissances, mais aussi pour
repérer les vestiges du Créateur, et pour lire les messages du
Divin. Le Pape émérite Benoît XVI a décrit dans une homélie les
mages comme « des personnes au cœur inquiet », qui ne se
contentaient pas
de l'apparence des choses et de tout ce qui est habituel. « Mais
ils étaient des hommes à la recherche de la promesse, à la
recherche de Dieu ».
Les
mages sont des « hommes au cœur inquiet » : mais
qu'est-ce que cette inquiétude du cœur ? Le Pape explique
cette expression dans un texte qui date avant son pontificat dans
lequel il dit : (Cette) attitude fondamentale d'inquiétude
du cœur (est celle) qui empêche l'homme d'être tranquillement en
lui-même, dans son petit monde à lui, mais elle aide l'homme à se
mettre en chemin, à partir vers l'éternel, qui lui seul peut lui
donner sérénité et plénitude.
Sur
ces mots, j'entends l'écho de la célèbre phrase de saint
Augustin : « Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cœur
est sans repos, quand tant qu'il ne se repose en Toi ».
L'homme
au cœur inquiet est donc l'homme purifié de toute l'auto-suffisance
et de toute sorte de l'illusion idolâtre, il est l'homme qui se sait
pauvre et pécheur, qui a besoin de la rédemption du vrai Dieu, et
qui aspire à être comblé par ce Dieu, par sa divine bonté et son
infinité.
La
même vérité, saint Bernard de Clairvaux la dit avec les
expressions encore plus nettes et radicales, il dit : « Qui
ne connaît pas son malheur, ne peut non plus connaître sa
consolation. Et qui ne sent pas la nécessité de la consolation […],
n'a pas la grâce de Dieu. C'est pourquoi l'homme mondain absorbé
par leurs affaires et leurs passions, n'ayant point le sentiment de
leur misère, n'ont aucun souci de la miséricorde ».
Alors,
nous, sommes-nous des hommes et des femmes au cœur inquiet ?
Aujourd'hui, devant les mages en adoration, il est peut-être bon de
nous poser cette question ; et que la piété de ces humbles
adorateurs puisse purifier notre cœur de tout son orgueil et nous
aider à voir l'essentiel.
Oui,
heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Amen.
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