Abbe J-S

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samedi 3 janvier 2015

Homélie de l’Épiphanie du Seigneur - 4 janvier 2015 (Clouange)

À la sainte nuit de Noël, nous avons poursuivi les bergers, ces hommes qui, à l'annonce des Anges, aussitôt se sont mis en marche, pour aller voir le Messie nouveau-né, le Sauveur donné par Dieu à son peuple.
Aujourd'hui, dans la Sainte Famille sont accueillis de nouveaux adorateurs, venus de bien plus loin.
Ces mages, ces bienheureux qui ont contemplé le visage du nouveau Roi, qui sont-ils ?
Très probablement, ils sont des astronomes de l'Est, plus précisément, de la Mésopotamie, là où il y avait déjà une longue tradition de l'astronomie bien connue.
N'est-ce pas l'apparition d'une nouvelle étoile qui les a mis en route ? Oui, mais cette étoile porte en elle une signification bien plus grande qu'elle-même : « Lumen requirunt lumine », en suivant une lumière, ces hommes de science cherchaient une autre lumière : la lumière ; et cette lumière, est le Roi qui vient de naître.

Nous pouvons comprendre plus aisément la promptitude des bergers : ils sont comme Syméon, comme la prophétesse Anne, ils sont les pauvres du Seigneur, les pauvres d'Israël, dans leurs misères ils attendaient la délivrance, et ils ne pouvaient être insensible, être indifférents à cette annonce angélique : aujourd'hui, vous est né le Sauveur, c'est le Messie, le Seigneur. Ils l'entendirent et instantanément ils crurent.
Mais les mages, que cherchent-ils en cherchant le Roi d'Israël ? Sans doute, ils n'ignoraient pas la prophétie du prophète païen Balaam, venu aussi de la Mésopotamie, que nous lisons dans le Livre des Nombres : « Un astre issu de Jacob devient chef et un sceptre se lève, issu d’Israël », et cet astre sera le « héro » qui « dominera sur des peuples nombreux », et « sa royauté sera exaltée ». (Cf. Nb, 24)
Oui, dans cette prophétie, les mages y entendirent une promesse de Dieu, et aujourd'hui, l'éclat de la nouvelle étoile leur annonce la venue du Roi promis : ce Roi, établi par Dieu, envoyé par Dieu, il est non seulement le Roi des Juifs, il est aussi le Roi du monde, il est aussi leur Roi : et ils sont venus pour lui rendre hommage.
Certes, les mages sont des hommes de science, des hommes qui observent attentivement le monde et son univers ; mais s'ils scrutent et interroge le réel avec tant d'insistance, ce n'est pas seulement pour acquérir toujours plus de connaissances, mais aussi pour repérer les vestiges du Créateur, et pour lire les messages du Divin. Le Pape émérite Benoît XVI a décrit dans une homélie les mages comme « des personnes au cœur inquiet », qui ne se contentaient pas de l'apparence des choses et de tout ce qui est habituel. « Mais ils étaient des hommes à la recherche de la promesse, à la recherche de Dieu ».
Les mages sont des « hommes au cœur inquiet » : mais qu'est-ce que cette inquiétude du cœur ? Le Pape explique cette expression dans un texte qui date avant son pontificat dans lequel il dit : (Cette) attitude fondamentale d'inquiétude du cœur (est celle) qui empêche l'homme d'être tranquillement en lui-même, dans son petit monde à lui, mais elle aide l'homme à se mettre en chemin, à partir vers l'éternel, qui lui seul peut lui donner sérénité et plénitude.
Sur ces mots, j'entends l'écho de la célèbre phrase de saint Augustin : « Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, quand tant qu'il ne se repose en Toi ».
L'homme au cœur inquiet est donc l'homme purifié de toute l'auto-suffisance et de toute sorte de l'illusion idolâtre, il est l'homme qui se sait pauvre et pécheur, qui a besoin de la rédemption du vrai Dieu, et qui aspire à être comblé par ce Dieu, par sa divine bonté et son infinité.
La même vérité, saint Bernard de Clairvaux la dit avec les expressions encore plus nettes et radicales, il dit : « Qui ne connaît pas son malheur, ne peut non plus connaître sa consolation. Et qui ne sent pas la nécessité de la consolation […], n'a pas la grâce de Dieu. C'est pourquoi l'homme mondain absorbé par leurs affaires et leurs passions, n'ayant point le sentiment de leur misère, n'ont aucun souci de la miséricorde ».
Alors, nous, sommes-nous des hommes et des femmes au cœur inquiet ? Aujourd'hui, devant les mages en adoration, il est peut-être bon de nous poser cette question ; et que la piété de ces humbles adorateurs puisse purifier notre cœur de tout son orgueil et nous aider à voir l'essentiel.
Oui, heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Amen.

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