Abbe J-S

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dimanche 13 mai 2018

Ut sint unum - Pour le 7e dimanche de Pâques



Ut sint unum, sicut et nos – qu’ils soient un, comme nous sommes un. Cette Parole du Seigneur qui s’adresse à nous aujourd’hui se situe dans le chapitre 17ème de l’évangile selon saint Jean, chapitre traditionnellement intitulé la prière sacerdotale de Jésus. Avec une attitude solennelle de grand prêtre – intercesseur, le Christ s’adressa à son Père, en Lui demandant la grâce de l’unité pour sa communauté – non seulement pour cette petite communauté de disciples qui l’entourait à ce jour, mais aussi pour la communauté à venir des croyants dans les âges futurs, pour nous, l’Eglise de Dieu d’aujourd’hui. Et cette unité est une véritable grâce, puisqu’elle est surnaturelle – elle doit être le reflet de l’unité de la très Sainte Trinité : qu’ils soient un, comme nous sommes UN.

Où se trouve cette unité ? Il semble qu’elle est inséparable avec le saint nom de Dieu : « Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné ». Mais de quel nom s’agit-il ? Sinon le nom de Jésus – Josué, qui veut dire : le Seigneur sauve ? Dieu notre Père sauve, Il sauve ses brebis égarées et dispersées à travers le monde en leur donnant un bon Berger, qui est son propre Fils, son Fils unique ; et le Fils sauve, puisqu’il est envoyé par le Père pour accomplir sa volonté, son œuvre de salut en se donnant Lui-même sur la Croix, comme l’ultime victime, afin de délivrer tous ceux qui sont enchaînés par les liens du péché, et les attirer tous à Lui une fois pour toute.

Le nom même de notre Sauveur enveloppe en effet l’œuvre intégrale de la rédemption. Mais l’unité des disciples ne serait possible que si l’œuvre de la rédemption fût accomplie pour tout le genre humain. C’est pourquoi le Seigneur dit : Père, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné – cette parole pourrait être interprétée ainsi : garde-les unis dans ton œuvre de salut, l’œuvre que tu as confiée à moi, ton Fils. Alors, que cette œuvre qui est autant tienne que mienne, désormais poursuive son chemin avec eux, mes disciples ; que cette œuvre devienne la leurs ; ainsi, en portant notre œuvre, en faisant à leur tour ta volonté, ils demeureront unis, comme nous-mêmes, éternellement unis.

Notre-Seigneur demanda pour ses disciples – aussi pour nous, ses disciples d’aujourd’hui, la grâce de l’unité. Et nous le savons, tout ce qu’Il demande à son Père Lui sera pleinement accordé, puisqu’Il est son Unique-Engendré, et dans son obéissance aimante et parfaitement filiale, Il s’est tout donné pour accomplir la volonté du Père. Et nous pouvons donc croire, en toute confiance, que la grâce de l’unité nous est déjà donnée. Cependant, l’avons-nous pleinement reçue ? Sommes-nous parfaitement unis ? Sommes-nous réellement, pleinement unis dans nos églises, dans nos communautés, dans nos paroisses, dans nos familles ? Ces questions pourraient susciter en nous quelques confusions. Puisque nous savons au fond de nous : combien notre unité est fragile, combien les diverses divisions sont à l’œuvre et elles se multiplient. Mais pourquoi la grâce de Dieu, la grâce de l’unité ne trouve pas parmi nous pleinement sa place ? Qu’est-ce qui nous empêche de la recevoir totalement ? « La grâce ne fait pas disparaître la nature mais l'achève », dit saint Thomas d’Aquin. Notre nature humaine est inconstante et fragile, la grâce divine vient l’épouser et l’élever vers Dieu, mais la seule chose que Dieu attend de nous est notre disposition intérieure : l’ouverture de notre cœur, la docilité de notre esprit. La fragilité de notre nature humaine peut peser sur nous, mais elle ne peut pas nous éloigner de Dieu définitivement. Le Christ nous a donner son exemple par sa très sainte agonie au jardin des oliviers. Lorsque la fragilité de sa nature humaine voulait succomber à la peur et à la tristesse, Notre Seigneur dit : « Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Mc 16,36) Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux : que ta volonté soit faite – Fiat voluntas tua ! Chaque fois, lorsque nous redisons cette prière enseignée par Notre-Seigneur, mesurons-nous vraiment le poids de ces mots ? Le Seigneur Lui-même les a prononcés au seuil de sa Passion, et en les disant, Il a donné sa vie. Mais Notre-Seigneur est vainqueur ! N’ayons donc pas peur, lorsque quelque division est semée parmi nous, prions le Seigneur, le Fils obéissant jusqu’à la Croix, que la vertu de sa sainte Passion vienne à notre secours – que la volonté de Dieu soit faite ! Le Christ est vainqueur, et nous aussi, si nous sommes vraiment avec Lui – « Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8,31)

Un autre exemple pour nous, est la Vierge Marie, notre sainte Mère du Ciel. Elle aussi, a donné son « Fiat » qui s’est associé à celui de son divin Fils : « Ecce Ancilla Domini, fiat mihi secundum Verbum tuum – Voici la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole ». Chers frères et sœurs, notre Mère, celle qui est pleine de grâce, veille sur nous, elle nous protège, elle nous conduit, elle nous instruit à faire la volonté de Dieu. Ayons confiance, ayons confiance en Marie, ayons confiance en son Fils. Toute division ne peut qu’être l’œuvre du Diable, mais Notre-Seigneur l’a déjà vaincu, et Marie l’a écrasé la tête. Osons donc, osons l’unité voulue par Dieu, osons l’unité qui est l’œuvre de Dieu, et soyons unis dans la foi en Jésus-Christ, dans la foi de notre baptême.

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