Abbe J-S

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mercredi 9 mai 2018

Pour la solennité de l’Ascension du Seigneur

Par le récit que nous avons entendu dans la première lecture, nous avons assisté à la dernière conversation entre le Seigneur Jésus et ses disciples. « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jour » ; c’est le dernier message que le Christ-Ressuscité a voulu laisser à ses disciples – préparez-vous, vous allez être baptisés dans l’Esprit-Saint. Étonnante cependant la réaction des disciples : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Leur préoccupation semble très éloignée du message de leur Maître – en effet, ils sont toujours pris par la nostalgie de la légendaire royauté davidique. À leur question, la réponse du Christ les oriente vers l’essentiel : tout ce qui concerne les temps et les moments appartient au pouvoir du Père, mais vous, vous recevrez la force que je veux vous donner, et vous deviendrez mes témoins « jusqu’aux extrémités de la terre ». Puis, ayant achevé cette ultime instruction, « il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux ».

Les disciples demandèrent si c’est maintenant la restauration du royaume d’Israël. Le Christ semble vouloir ignorer leur vraie question. Et pourtant, son élévation au Ciel paraît comme une réponse encore plus éloquente au souci des disciples : vous vous êtes attachés au royaume d’Israël, mais quelle royauté désirez-vous en réalité ? Une royauté comme celle de David, de Salomon – ces gloires humaines, passagères et éphémères ? Ne savez-vous pas que « Moi j’ai (déjà) vaincu le monde » (Jn16,33) ? Regardez le Roi véritable, regardez le Royauté qui ne connaitra jamais de déclin.

En effet, le mot « élever (apairo) » dans le langage biblique signifie aussi « exaltation », il pourrait même être employé pour dire « l’institution d’un roi » (Ratzinger, Dogme et annonce, p.328). En réalité, l’Ascension du Christ ne désigne nullement un déplacement spatial, mais la glorification du Ressuscité – Vainqueur du Mal et de la Mort ; c’est aussi l’exaltation du Fils par le Père, comme écrit l’Apôtre saint Paul dans son Épître aux Philippines : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, (…) il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : ‘Jésus Christ est Seigneur’, à la gloire de Dieu le Père. » (Ph 2,5-11)

Le Fils, par son obéissance jusqu’à la Croix a rétabli l’humanité blessée, il a triomphé le monde, et il est aujourd’hui glorifié ; mais qu’est-ce qui signifie la gloire du Fils ? Le récit nous parle d’une nuée.

Dans nombreux passages de la Bible, la nuée signifie la présence divine. Nous lisons par exemple dans le livre de l’Exode : « la gloire du Seigneur demeura sur la montagne du Sinaï, que la nuée recouvrit pendant six jours. Le septième jour, le Seigneur appela Moïse du milieu de la nuée. » (Ex 24,16). On trouve aussi dans le Psaume 98, Dieu parle avec ses serviteurs Moïse, Aaron et Samuel dans la colonne de nuée, en leur révélant sa volonté.

Il y a également un moment clé dans les récits de l’Evangile, la Transfiguration du Seigneur. Sur le mont Thabor, lorsque les disciples Pierre, Jacques et Jean virent paraître Moïse et le Prophète Élie à côté de Jésus, « survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : ‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !’ » (Mc 9,7) À cet instant, les disciples furent saisis de frayeur.

Aujourd’hui, le Christ est emporté par une nuée du Ciel, c’est-à-dire, Il est entré dans l’intimité de Dieu, dans le véritable Saint des Saints ; Il est désormais auprès du Père – là où il a été sorti, et Il est aujourd'hui revêtu de la gloire qu’Il avait depuis le commencement. Cependant, sa condition n’est plus le même – par son incarnation dans le sein de la Vierge Marie, il a pris pour sienne la nature humaine – il devint vrai Dieu et vrai homme. Aujourd’hui, il s’éleva au Ciel avec son Corps d’homme, c’est-à-dire que désormais, il y a auprès de Dieu une place pour le genre humain : nous avons une place auprès de Dieu – comme Il avait promis à ses Apôtres, Notre-Seigneur est parti pour nous préparer une place (Jn 14,2). Et en quelque sorte, nous y sommes déjà avec Lui, puisque de par notre baptême, nous sommes devenus – nous, les membres de son Corps, et Lui, notre Chef, nous précède dans le Ciel.

Notre-Seigneur est monté au Ciel, mais Il est toujours avec nous, Il vient à nous, Il se donne à nous, Il nous nourrit à chaque Eucharistie par son propre corps, afin que notre espérance soit alimentée et qu’elle ne défaille jamais. Dans quelques instants, nous allons recevoir la très sainte Eucharistie, elle rappelle que tous, nous appartenons au même Corps, qui est déjà au Ciel, et elle nous donnera un avant-goût de la félicité éternelle.



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