Dans
le passage d’Évangile que nous venons d'entendre, le Seigneur
ressuscité envoie ses Apôtres : « Allez !
De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom
du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ».
Dis-huit
siècles plus tard, c'est animé par le même Esprit évangélique,
avec le même zèle, que le jeune prêtre mariste Pierre Louis Marie
Chanel embarque en direction de l'Océanie.
En
arrivant à l'île de Futuna, le Père Chanel a reçu d'abord un
accueil bienveillant, même généreux. Durant les deux premières années
de sa missions, il a été soutenu et protégé par Niuliki, roi des
indigènes. Cependant, très vite, le mouvement des conversions à la
foi chrétienne prend l'ampleur, et le succès des missionnaires
suscite de vive jalousie de la part des notables locaux. Menacé
de mort, le Père Chanel répond : « La
religion est implantée dans l'île, elle ne s'y perdra point par ma
mort, car elle n'est pas l'ouvrage des hommes, mais elle vient de
Dieu.
» Cette parole est prophétique. Peu après son martyre, toute île
de Futuna devient chrétienne, même ses assassins se sont convertis
au Christ et la fille du roi Niuliki sera la première religieuse
futunienne. Le sang du martyr est la semence de la foi chrétienne.
L’œuvre
qui vient de Dieu ne se perdra pas. Cette parole du saint martyr nous
invite à méditer sur nos engagements professionnels, sur nos
travaux quotidiens : nos ouvrages, persisteront-ils ?
Je
voudrais m'adresser à vous, chers professeurs, vous êtes chargés d'éduquer et de former la nouvelle
génération ; et en œuvrant pour ceci, vous participez à
l'édification de l'avenir de notre société. Quels jeunes voudriez
vous former ? Les jeunes solides, bien sûr, les jeunes bien
instruits, compétents, compétitifs, les jeunes dynamiques, ouverts
d'esprit, les jeunes responsables et serviables qui auront souci du
bien commun et qui sauront construire un vivre-ensemble harmonieux.
Oui, certes, vous travaillez pour former des jeunes entreprenants et
sérieux qui tâcheront de construire un avenir meilleur.
Cependant,
je pense aux pères maristes qui ont fondé cet établissement et
l'ont confié au patronage de saint Pierre Chanel, je pense que la
volonté qui les poussa à faire naître cette belle œuvre éducative
ne s'attachait probablement pas uniquement aux qualités humaines de
la jeunesse. Étant hommes de foi et missionnaires, ils voulurent
sans doute donner au monde des jeunes non seulement intellectuellement solides, mais aussi spirituellement enracinés ; des jeunes non seulement instruits et compétents mais qui feront aussi partie de ceux qui voudront devenir des hommes de conviction noble
et profonde, des dépositaires et des passeurs des
valeurs intemporelles ; des jeunes non seulement dynamiques et ouverts d'esprit, mais aussi capables de s'incarner l'âme d'un
pays, d'une société, d'une génération ; des jeunes non seulement serviables et entreprenants, mais aussi généreux,
audacieux et sans complexe, qui oseront agir selon leur foi et leur
vocation même lorsque l'air du temps est contraire à leurs idéaux
et à la vérité.
Oui,
si nous voulons que nos ouvrages persistent dans ce monde si
changeant, il faudrait que nous nous attachions aux choses qui ne
passeront pas. « Ta
pyramide n'a point de sens,
dit Antoine de Saint-Exupéry, si
elle ne s'achève en Dieu. Car Celui-là se répand sur les hommes
après les avoir transfigurés ».
Chers
amis, l'éducation est une mission délicate mais bien noble, et son
importance pour la société est difficilement mesurable. Que l'exemple de saint Pierre
Chanel – qui était lui-même excellent éducateur – vous
encourage, que ses paroles et ses actes enrichissent vos pensées et
vous inspirent, et que sa prière vous obtienne la bénédiction du
Ciel.
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