Dans la première
lecture, les Apôtres, Paul et Barnabé, « rapportèrent
tout ce que Dieu avait fait avec eux, et
comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi » (Ac 14,27). Dieu, par le labeur de ses
serviteurs, a ouvert aux peuples du monde « la
porte de la foi ».
« Traverser
cette porte, dit le Pape Benoît XVI, implique de s’engager sur ce chemin
qui dure toute la vie. Il commence par le baptême (cf. Rm 6, 4), par lequel nous
pouvons appeler Dieu du nom de Père, et s’achève par le passage de la mort à la
vie éternelle, fruit de la résurrection du Seigneur Jésus qui, par le don de
l’Esprit Saint, a voulu associer à sa gloire elle-même tous ceux qui croient en
lui (cf. Jn 17,
22) ». (Porta fidei, 1)
La foi,
qui nous est donnée comme un don de Dieu dans le baptême n'est donc pas une fin
en soi. La foi est une « porte », elle nous révèle un
chemin, elle nous engage à parcourir ce chemin de la foi.
Mais
vers où nous mène ce chemin ? La Pape nous dit : il nous mènera vers
« le passage de la mort à la vie éternelle », vers la « gloire »
du Ressuscité, à laquelle nous sommes invités à nous « associer ».
C'est-à-dire : par le don de la foi, notre vie, notre existence même a
reçu un sens, une orientation – nous sommes destinés à cette vie éternelle
promise par Dieu, par la résurrection de son Fils, et nous participerons à sa
gloire. C'est ce que nous appelons « l'espérance chrétienne », le don
de la foi est lié au don de l'espérance en la vie éternelle.
Cependant,
espérons-nous vraiment « la vie éternelle » ? Qu'est-ce que
c'est cette « vie éternelle », pour que nous la désirons et y mettons
notre espérance ? pourquoi est-elle digne d'être considérée comme le sens
de notre vie ?
Voilà
que le livre de l'Apocalypse nous offre un paysage surprenant qui illustre bien
ce qu'est cette vie éternelle. Il nous parle d'« un ciel nouveau et
une terre nouvelle », une cité divinement belle descendue du Ciel
d'auprès de Dieu. Mais cette cité céleste, le ciel nouveau et la terre nouvelle
ne désigne aucun lieu géographique ou spatial, elle signifie en effet une
réalité inouïe : « Voici la demeure de Dieu avec les
hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et
lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu ». Et voilà ce qu'est la
vie éternelle : la vie éternelle n'est rien d'autre que notre communion
véritable et parfaite avec Dieu et avec tous nos frères en Dieu.
Et
cette communion va transfigurer notre vie présente : Dieu « essuiera
toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni
deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. »
C'est-à-dire : toutes nos souffrances, tous nos chagrins, tous nos
regrets, en un mot, tous ceux qui pourraient rendre notre vie vilaine,
insupportable, voire absurde seront recueillis et complètement transformés en
Dieu, et nous-mêmes serons libérés de notre pauvre finitude – c'est-à-dire
notre condition mortelle, et notre vie deviendra véritablement Vie
en atteignant en Dieu sa perfection et sa plénitude.
Et
voilà pourquoi Dieu nous a créé et que nous sommes nés dans le monde :
nous ne sommes pas nés pour qu'un jour, nous soyons anéantis par une mort
définitive et irréversible ; nous ne sommes pas nés pour être arrachés aux
personnes que nous aimons et sombrer dans leur regret et l'oubli des âges à
venir ; nous ne sommes pas nés pour retourner à la poussière comme toutes
les œuvres des mains humaines de jadis. C'est par l'amour totalement gratuit
que Dieu, qui est Lui-même la perfection et la plénitude, nous a créés, et nous
sommes nés pour l'amour, pour la perfection, pour la plénitude. Nul amour n'est
vain, et rien de ce que nous avons et de ce que nous aurons semé de beau et de
vrai en cette vie ne sera perdu.
Et la
vie éternelle, Dieu nous l'a déjà donnée : en nous faisant renaître de
l'eau et de l'Esprit, en nous ouvrant la porte de la foi, Il nous a donné la vie éternelle sous forme de la promesse et comme un
grain de l'espérance, cette vie véritable a été semée en nous.
Et
l'apôtre saint Pierre nous dit : « Soyez prêts à tout moment à
présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de
l’espérance qui est en vous » (1P 3,15).
Oui,
tenons-nous toujours prêts à rendre raison de l'espérance qui est en nous.
Seuls nous qui pouvons rendre visible le don invisible que nous avons reçu de
Dieu.
En
voyant les chrétiens sortaient de l'église, le philosophe Nietzsche dit :
« Je croirais en Dieu quand je verrai les chrétiens plus heureux ».
Pour quelqu'un qui questionne, il n'avait pas tort. Soyons donc les messagers
de l'amour de Dieu par notre joie, la joie du Ressuscité, la joie de la vie
éternelle.
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