Abbe J-S

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samedi 7 mars 2015

Homélie du 8 mars, le IIIe dimanche de Carême (Messe du premier scrutin de catéchumène)

Notre sœur Rose est sur la dernière ligne droite vers son baptême. Le premier dimanche de Carême, à la Cathédrale de Metz, elle a reçu l'appel décisif de l’Église par notre évêque. Ce dimanche, ainsi que les deux prochains dimanches, elle va vivre les trois scrutins de catéchumènes. Et selon la Tradition de l’Église, à l'occasion de ces trois scrutins, la liturgie nous propose les trois passages bien particuliers de l’Évangile selon saint Jean : la rencontre de Jésus avec la femme samaritaine, la guérison de l'aveugle-né et la réanimation de Lazare.
Ici, le mot « scrutin » n'a pas vraiment une connotation électorale, il nous rappelle plutôt le psaume 138e : « Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais […] de très loin tu pénètres mes pensées ». Oui, le Seigneur sait ce qu'il y a dans le cœur de l'homme, il voit nos joies et nos peines, il entend nos désirs, même lorsqu'ils se dissimulent dans le silence. Le Seigneur nous connaît bien mieux que nous-mêmes. Cependant, il s'adresse à nous, il veut nous rencontrer, chacun, chacune, en particulier. Il veut révéler à nous qui nous sommes, en pleine vérité, et également ce à quoi nous sommes appelés. C'est pourquoi, la liturgie d'aujourd'hui nous fait écouter la rencontre entre le Seigneur et la femme samaritaine.
Le Seigneur dit à cette femme : « Si tu savais le don de Dieu ». Nous sommes en Palestine, sous le soleil brûlant du midi. Si cette femme venait chercher l'eau à cette heure-là, c'est bien pour ne rencontrer personne. Puisqu'elle n'était pas une personne de bonne réputation, elle n'est pas quelqu'un de fréquentable, la suite du récit nous l'a fait bien entendre. Elle n'attendait donc pas que cet étranger soit là, à côté du puits, et encore moins qu'il lui adressait une parole, une demande. Et pourtant, cet étranger l'a fait, et il lui dit ce phrase surprenante : « Si tu savais le don de Dieu ». Mais qu'est-ce que le don de Dieu ? Si cette pauvre femme n'en avait aucune idée, son cœur, cependant, ne pouvait être indifférent du regard de cet homme – le regard de Jésus, ardant et limpide, pénétrant mais toujours doux et bienveillant ; c'est ce regard qui lui dit : ce don de Dieu, c'est d'abord toi, ce que tu es, tu es un don de Dieu fait à ce monde. Les autres peuvent t'ignorer, te rejeter, te mépriser, te malmener, et tu peux même être dédaignée et détestée par toi-même ; mais tu es, et tu demeures un don de Dieu, une fierté de ton Créateur, puisque tu es fruit de sa pensée , de son amour, tu as été voulue par sa sainte volonté irrévocable ; tu peux être avilie par le péché, mais rien, rien ne peut te réduire dans le cœur de Dieu, puisque dans son cœur tu es toujours unique et irremplaçable. As-tu oublié cela ? As-tu oublié que tu es un enfant bien aimée de ton Dieu, ton Père ?
Et le Seigneur poursuit, il lui dit encore : et si tu savais celui qui te dit – donne-moi à boire... et oui, qui est cet étranger devant toi, cet homme, si différent que tous les hommes que tu avais connu ? C'est le Messie, c'est-à-dire, l'envoyé de Dieu ; et bien plus, c'est le Fils, le Fils unique de Dieu. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3,16). Nous ne pouvons être vraiment touchés par l'amour de Dieu sans avoir rencontré Jésus-Christ ; nous ne pouvons mesurer cet amour sans mesure sans être embrassés pleinement par le don du Fils – c'est en rencontrant le Fils de Dieu que notre vie commence véritablement, et c'est en contemplant le Fils, étant saisie par le Fils que nous apprenons en vérité qui nous sommes.
Mais le Seigneur poursuit encore, il dit à cette femme : mais c'est toi qui devait me demander, et je te donnerai mon eau, l'eau vive qui deviendra en toi une fontaine qui ne tarira jamais. Et qu'est-ce que cette eau vive, sinon celle qui nourrit en nous la plénitude de nous-mêmes ?
À chacun de nous, Dieu a préparé un don particulier, c'est son appel, et tout ce qu'il nous est nécessaire pour y répondre. C'est le don de la vocation : son projet pour chaque personne, afin que nous puissions grandir et nous réaliser dans la pleine liberté et notre inflexible unicité. Cet appel ouvre à chacun son chemin vers les béatitudes, et nous avons toute notre vie pour arpenter ce chemin et arriver à notre Terre promise. Mais Dieu attend de nous une seule chose, c'est de lui ouvrir nos cœurs, et d'accepter ce don qu'il a préparer pour nous.
Le don de Dieu : le don de Dieu qui est nous-mêmes, le don de Dieu qui est son Fils, le don de Dieu qui est la vocation. Méditons dans nos cœurs ce triple don divin, et écoutons dans le silence la voix du Seigneur.





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