Abbe J-S

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jeudi 12 mars 2015

Homélie du 13 mars 2015, prononcée au Grand Séminaire de Lorraine


Dans la première lecture, le Prophète Osée nous a fait cette invitation : « Revenez au Seigneur en lui présentant ces paroles : enlève toutes les fautes, et accepte ce qui est bon ».

Ayant « un cœur compliqué et malade », comme dit Jérémie, un autre grand prophète, nous pouvons légitimement nous demander : mais qu'est-ce qu'il peut y avoir de bon en nous ?

Souvenons-nous que dans le récit des six jours de la création, à chaque soir, Dieu regarde ce qu'il a œuvré dans la journée, il s'en réjouit : il voit tout ce qu'il a fait était bon, voire très bon. Et parmi les œuvres de Dieu, il y a l’homme. L'homme fut donc parfaitement bon aux yeux de Dieu – dans son état d'origine, dans son innocence, lorsqu'il fut encore le pur reflet de l'image de Dieu, selon sa ressemblance.

Et aujourd'hui, nous demandons à Dieu d'enlever d'abord toutes nos fautes – qu'est-ce que ces fautes ? Sinon ceux qui avilissent en nous la bonté d'origine, ceux qui entachent notre innocence, ceux qui déforment notre ressemblance à l'image de Dieu ?

Avilis, entachés, défigurés, dans notre misérable nudité nous nous adressons à Dieu, Notre-Seigneur, Celui qui nous dit : « Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine ». Le Dieu qui nous a créés bon, est aussi capable de nous récréer, en restaurant en nous la bonté et la pureté première, en nous redonnant la ressemblance selon son propre image.

Oui, demander à Dieu le pardon, demander lui l'effacement de la souillure de nos péché, c'est demander à Dieu une création nouvelle, c'est demander à Dieu de nous transformer en créatures nouvelles ; cette demande elle est déjà un acte de foi, un acte d'espérance et un acte d'amour ; et elle est aussi, selon le Prophète Osée, le sacrifice que nous offrons au Seigneur : « Au lieu de taureaux, nous t’offrons en sacrifice les paroles de nos lèvres ».

Est-il vrai que les paroles de nos lèvres, c’est-à-dire nos prières, peuvent être offertes à Dieu en sacrifice ? Et qu'est-ce que le sacrifice ?

Devant nous, chers frères, il y a la Croix, sur laquelle est exposé le Christ crucifié, c'est ce que l'on appelle – l'unique sacrifice de la nouvelle Alliance : l'unique sacrifice qui est digne de Dieu, c'est le Christ en Croix. Mais le Christ, n'est-il pas le Verbe divin, la Parole de Dieu par laquelle Dieu a créé toute chose ? Et ce Verbe, chargé de la plénitude de l’amour et de la volonté de Dieu, il a pris chair de notre chair, et il a demeuré parmi nous. Le Christ, il est l'expression pleine et entière de l'amour de Dieu notre Créateur et notre Père, et cette expression, nous le voyons, elle n'est pas simplement une expression verbale, elle est charnelle ; en se faisant chair, la Parole sortie de la bouche de Dieu devint l’unique sacrifice, authentique et efficace, offert pour le rachat du monde. Et cette Parole faite chair, elle continue à nous parler, elle continue à se faire entendre, sur la Croix, dans les Saintes Écritures et dans la sainte Eucharistie.

Et nous, pouvons-nous offrir à Dieu en sacrifice les paroles de nos lèvres sans qu'elles se fassent chair ? Et l’apôtre saint Paul, ne nous a-t-il pas dit dans son Épitre aux romains que : « Je vous exhorte, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : et c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte ».

Chers frère, offrons à Dieu les paroles de nos lèvres, mais que notre personne et tout ce que nous sommes y soient engagés et offerts, alors nous pouvons dire au Seigneur que tel est notre sacrifice.

Et qu’en recevant le sacrifice de nos prières, le Seigneur nous prenne entre ses mains, ainsi, il pourra effacer nos souillures, soigner nos blessures, et nous transformer, nous renouveler.

Amen.

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