Depuis
son entrée en Église, notre communauté de paroisses accompagne
Rose vers son baptême. Dimanche dernier, avec elle, nous avons
assisté la rencontre du Seigneur avec la femme samaritaine, le
Seigneur nous a invité à recevoir le don de Dieu, l'eau vive qui
deviendra en nous la source de la vie éternelle : c'est le don
qui nous est donné par le baptême. Aujourd'hui, ce 4e
dimanche de Carême, nous poursuivons ce chemin avec Rose en recevant
cette Parole révélatrice du Seigneur : « Je suis la
lumière du monde ».
Revenons
sur l’Évangile que nous venons d'entendre. C'est un récit qui
nous surprend dès le début. En voyant l'aveugle-né, les disciples
demandèrent au Maître : « Rabbi, qui a péché ? »
Un homme privé de vue et de lumière dès sa naissance, c'est mal,
c'est inadmissible, c'est un scandale. Comment est-il possible un tel
malheur ? Il faut donc qu'il y ait un coupable en qui nous
pouvons charger toute la responsabilité, afin que ce scandale
impossible devienne concevable.
C'est
la logique humaine. Mais le mal n'a pas d'autre nom que le mot
« mal », et il n'a pas de logique, il n'a pas de
pourquoi, et surtout il n'a pas de visage, il ne peut pas être
personnifié, sinon dans la personne du Diable.
Vouloir
expliquer le mal c'est vouloir donner « raison » au mal,
c'est vouloir le justifier, le relativiser, le banaliser, afin de
pouvoir l'ignorer et l'oublier. Une fois le mal est masqué par le
visage d'un coupable, il devient dérisoire et négligeable, et même
parfois tolérable : quel coupable n'est pas en même temps
victime ? Et de qui est-il victime ?
C'est
ainsi que le mal continue son œuvre, alors que nous nous contentons
du confort de notre bon sentiment et bon sens médiocre.
Mais
aujourd'hui, le Seigneur vient nous secouer : non il n'y a pas
de coupable dans ce malheur : ni lui ni ses parents n'en sont
responsables. Mais Dieu, le Créateur de tout bien, sera glorifié en
supprimant ce malheur, en restaurant le bien, ici et maintenant.
Le
Seigneur Jésus nous révèle ainsi une autre attitude vis-à-vis du
mal : au lieu de vouloir expliquer le mal, nous pouvons lutter.
Que la lumière du Bien perce les ténèbres du mal, et qu'elle
triomphe.
Mais
là, il y a une autre question qui s'impose : lutter contre le
mal, c'est courageux ; mais comment ? Le Seigneur Jésus
est le Fils de Dieu, il est capable de faire un miracle en guérissant
l'aveugle-né, mais nous, que pouvons-nous faire devant tant de maux
écrasants qui semblent infiniment plus puissants que nous ?
Certes,
nous ne savons pas faire de miracles. Cependant, si le Seigneur a
affirmé aujourd'hui que : « Aussi longtemps que je suis
dans le monde, je suis la lumière du monde », il nous a dit
aussi, dans son sermon sur la montagne, que : « vous
êtes la lumière du monde ». En effet, depuis la Pentecôte,
c'est à nous, chrétiens, de faire rayonner la lumière du Christ
dans le monde, et c'est l’Église qui est dorénavant « Lumen
Gentium »,
la présence rayonnante et lumineuse du Christ devant toutes les
nations. Si nous voulons que la lumière vainque les ténèbres,
soyons nous-mêmes la lumière – et comment, Sinon, que chacun de
nous devienne un membre du Christ Notre-Seigneur et que tous nous
devenions un avec Lui ? Et l'Apôtre Paul ne nous a pas dit
que : nous sommes le Corps du Christ, et chacun de nous est un
membre de ce Corps ? En effet, de par le baptême, ensemble nous
devenons déjà un avec Jésus-Christ, en devenant membres de son
Corps. Et ce corps porte un nom, il s'appelle : « Église ».
Mais
ce « devenir » n'a pas été fait une fois pour toutes,
c'est par chacun de nos actes, par chacune de nos paroles, par toute
notre vie que nous devenons membres du Christ.
C'est
en soignant les blessures que nous devenons les mains du Christ ;
c'est en consolant les déprimés, que nous devons les lèvres du
Christ ; c'est en allant vers les isolés, les délaissés que
nous devenons les pieds et le regard du Christ. Certes que personne
entre nous ne sait effectuer un miracle, mais le miracle adviendra,
lorsque nous deviendrons vraiment son Corps, son Église.
Rose,
le jour de ton baptême, tu deviendras toi aussi un membre de
l’Église, un membre du Corps du Christ, sois fière ! Demeure
toujours un membre vivant. Et surtout, fais sentir ta joie, ta
fraîcheur, ta vivacité à ce corps qui semble bien souvent las et
fatigué ! Bon courage !
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