Abbe J-S

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dimanche 15 mars 2015

Homélie du 15 mars 2015, IVe dimanche de Carême (l'église St Rémi de Rombas)

Depuis son entrée en Église, notre communauté de paroisses accompagne Rose vers son baptême. Dimanche dernier, avec elle, nous avons assisté la rencontre du Seigneur avec la femme samaritaine, le Seigneur nous a invité à recevoir le don de Dieu, l'eau vive qui deviendra en nous la source de la vie éternelle : c'est le don qui nous est donné par le baptême. Aujourd'hui, ce 4e dimanche de Carême, nous poursuivons ce chemin avec Rose en recevant cette Parole révélatrice du Seigneur : « Je suis la lumière du monde ».
Revenons sur l’Évangile que nous venons d'entendre. C'est un récit qui nous surprend dès le début. En voyant l'aveugle-né, les disciples demandèrent au Maître : « Rabbi, qui a péché ? » Un homme privé de vue et de lumière dès sa naissance, c'est mal, c'est inadmissible, c'est un scandale. Comment est-il possible un tel malheur ? Il faut donc qu'il y ait un coupable en qui nous pouvons charger toute la responsabilité, afin que ce scandale impossible devienne concevable.
C'est la logique humaine. Mais le mal n'a pas d'autre nom que le mot « mal », et il n'a pas de logique, il n'a pas de pourquoi, et surtout il n'a pas de visage, il ne peut pas être personnifié, sinon dans la personne du Diable.
Vouloir expliquer le mal c'est vouloir donner « raison » au mal, c'est vouloir le justifier, le relativiser, le banaliser, afin de pouvoir l'ignorer et l'oublier. Une fois le mal est masqué par le visage d'un coupable, il devient dérisoire et négligeable, et même parfois tolérable : quel coupable n'est pas en même temps victime ? Et de qui est-il victime ?
C'est ainsi que le mal continue son œuvre, alors que nous nous contentons du confort de notre bon sentiment et bon sens médiocre.
Mais aujourd'hui, le Seigneur vient nous secouer : non il n'y a pas de coupable dans ce malheur : ni lui ni ses parents n'en sont responsables. Mais Dieu, le Créateur de tout bien, sera glorifié en supprimant ce malheur, en restaurant le bien, ici et maintenant.
Le Seigneur Jésus nous révèle ainsi une autre attitude vis-à-vis du mal : au lieu de vouloir expliquer le mal, nous pouvons lutter. Que la lumière du Bien perce les ténèbres du mal, et qu'elle triomphe.
Mais là, il y a une autre question qui s'impose : lutter contre le mal, c'est courageux ; mais comment ? Le Seigneur Jésus est le Fils de Dieu, il est capable de faire un miracle en guérissant l'aveugle-né, mais nous, que pouvons-nous faire devant tant de maux écrasants qui semblent infiniment plus puissants que nous ?
Certes, nous ne savons pas faire de miracles. Cependant, si le Seigneur a affirmé aujourd'hui que : « Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde », il nous a dit aussi, dans son sermon sur la montagne, que : « vous êtes la lumière du monde ». En effet, depuis la Pentecôte, c'est à nous, chrétiens, de faire rayonner la lumière du Christ dans le monde, et c'est l’Église qui est dorénavant « Lumen Gentium », la présence rayonnante et lumineuse du Christ devant toutes les nations. Si nous voulons que la lumière vainque les ténèbres, soyons nous-mêmes la lumière – et comment, Sinon, que chacun de nous devienne un membre du Christ Notre-Seigneur et que tous nous devenions un avec Lui ? Et l'Apôtre Paul ne nous a pas dit que : nous sommes le Corps du Christ, et chacun de nous est un membre de ce Corps ? En effet, de par le baptême, ensemble nous devenons déjà un avec Jésus-Christ, en devenant membres de son Corps. Et ce corps porte un nom, il s'appelle : « Église ».
Mais ce « devenir » n'a pas été fait une fois pour toutes, c'est par chacun de nos actes, par chacune de nos paroles, par toute notre vie que nous devenons membres du Christ.
C'est en soignant les blessures que nous devenons les mains du Christ ; c'est en consolant les déprimés, que nous devons les lèvres du Christ ; c'est en allant vers les isolés, les délaissés que nous devenons les pieds et le regard du Christ. Certes que personne entre nous ne sait effectuer un miracle, mais le miracle adviendra, lorsque nous deviendrons vraiment son Corps, son Église.

Rose, le jour de ton baptême, tu deviendras toi aussi un membre de l’Église, un membre du Corps du Christ, sois fière ! Demeure toujours un membre vivant. Et surtout, fais sentir ta joie, ta fraîcheur, ta vivacité à ce corps qui semble bien souvent las et fatigué ! Bon courage !

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