Matin de Pâques
« Obscure est
la nuit du tombeau,
et pourtant l’éclat
des plaies sacrées
traverse
l’épaisseur de la pierre,
la soulève et la
met de côté comme une plume ;
de l’obscurité du
tombeau se lève
le corps ressuscité
du Fils de l’Homme,
éblouissant de
lumière, rayonnant de clarté. »
Ainsi commence le poème de sainte Thérèse-Bénédicte de la
Croix (Édith Stein), composé en 1924, deux ans après son baptême, intitulé
« Matin de Pâques ». Elle semble vouloir combler, par son imagination
lyrique, une scène qui échappe aux plumes des évangélistes : la scène de
la résurrection. Le Ressuscité se lève, aussi splendide que lorsqu’il était sur
le mont Thabor, transfiguré devant ses disciples, et par cet éclat dégagé des
marques de la Croix, il déplace la gigantesque pierre qui séparait le monde des
morts du monde des vivants. La mort est vaincue, le Vainqueur sort de son
tombeau. Et la jeune convertie poursuit sa vision rêveuse :
« Le Sauveur
s’avance en silence
de la terre qui
s’éveille à peine.
Sous ses pas divins
s’épanouissent des
fleurs lumineuses que nul n’a jamais vues –
et partout où son
vêtement effleure le sol,
la terre se met à
briller d’un éclat d’émeraude. »
Étonnante cette discrétion du Vainqueur inouï, qui, sous
ce silence délicat de l’aurore printanière, a changé le cours de notre histoire,
sans que personne ne soit réveillée par son éclatant relèvement. Il s’avance.
Il semble préférer prolonger la solitude qu’il a endurée sur le chemin de
douleur. Mais il n’y a plus de cris, de hurlements, de railleries, de coups…
Chacun de ses pas secrets opère un généreux apaisement qui prodigue autour de
lui, grâce et bénédiction.
« La
bénédiction coule de ses mains sur les champs et les prés
elle jaillit
abondante et limpide –
et dans la rosée
matinale de la plénitude de grâce
la nature rayonne
de joie et ovationne le Ressuscité
pendant qu’il
s’avance en silence (...) »
Mais, vers où se dirigent ses pas ? Que
cherche-t-il ? Où est-il aujourd’hui ? Est-il encore sur son
chemin ? Oui, il est encore en chemin, il marche sur notre chemin, discrètement
à notre côté, en quête de rencontre. Enfant, il dormait dans une
mangeoire ; ayant grandi, il n’avait pas une pierre pour reposer sa tête
(Mt 8, 20) ; aujourd’hui, il cherche toujours une demeure, il cherche sa
demeure en nous. Un jour, sur l’île Patmos, il dira à son disciple bien aimé : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si
quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je
prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3,20).
Oui, il est à notre
porte, la porte de notre cœur. « Seigneur, quel est votre repos, si ce
n’est dans mon cœur ? » (Paul Claudel)
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