Abbe J-S

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dimanche 16 avril 2017

Matin de Pâques - Lecture d'un poème d'Edith Stein

Matin de Pâques


« Obscure est la nuit du tombeau,
et pourtant l’éclat des plaies sacrées
traverse l’épaisseur de la pierre,
la soulève et la met de côté comme une plume ;
de l’obscurité du tombeau se lève
le corps ressuscité du Fils de l’Homme,
éblouissant de lumière, rayonnant de clarté. »

Ainsi commence le poème de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein), composé en 1924, deux ans après son baptême, intitulé « Matin de Pâques ». Elle semble vouloir combler, par son imagination lyrique, une scène qui échappe aux plumes des évangélistes : la scène de la résurrection. Le Ressuscité se lève, aussi splendide que lorsqu’il était sur le mont Thabor, transfiguré devant ses disciples, et par cet éclat dégagé des marques de la Croix, il déplace la gigantesque pierre qui séparait le monde des morts du monde des vivants. La mort est vaincue, le Vainqueur sort de son tombeau. Et la jeune convertie poursuit sa vision rêveuse :

« Le Sauveur s’avance en silence
de la terre qui s’éveille à peine.
Sous ses pas divins
s’épanouissent des fleurs lumineuses que nul n’a jamais vues –
et partout où son vêtement effleure le sol,
la terre se met à briller d’un éclat d’émeraude. »

Étonnante cette discrétion du Vainqueur inouï, qui, sous ce silence délicat de l’aurore printanière, a changé le cours de notre histoire, sans que personne ne soit réveillée par son éclatant relèvement. Il s’avance. Il semble préférer prolonger la solitude qu’il a endurée sur le chemin de douleur. Mais il n’y a plus de cris, de hurlements, de railleries, de coups… Chacun de ses pas secrets opère un généreux apaisement qui prodigue autour de lui, grâce et bénédiction.

« La bénédiction coule de ses mains sur les champs et les prés
elle jaillit abondante et limpide –
et dans la rosée matinale de la plénitude de grâce
la nature rayonne de joie et ovationne le Ressuscité
pendant qu’il s’avance en silence (...) »  

Mais, vers où se dirigent ses pas ? Que cherche-t-il ? Où est-il aujourd’hui ? Est-il encore sur son chemin ? Oui, il est encore en chemin, il marche sur notre chemin, discrètement à notre côté, en quête de rencontre. Enfant, il dormait dans une mangeoire ; ayant grandi, il n’avait pas une pierre pour reposer sa tête (Mt 8, 20) ; aujourd’hui, il cherche toujours une demeure, il cherche sa demeure en nous. Un jour, sur l’île Patmos, il dira à son disciple bien aimé : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3,20). 


Oui, il est à notre porte, la porte de notre cœur. « Seigneur, quel est votre repos, si ce n’est dans mon cœur ? » (Paul Claudel)

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