Je vous invite à revenir sur la première lecture,
l’extrait du livre de Ben Sirac le Sage, et la deuxième lecture, tirée de la
première Epître de l’Apôtre saint Paul aux Corinthiens. S’il y a un mot qui
peut relier ces deux textes séparés par environ deux siècles, c’est bien le mot
« sagesse » ; et il ne s’agit pas d’une sagesse quelconque, une
sagesse purement humaine ou mondaine, mais bien la sagesse de Dieu.
Selon le sage de l’Ancien Testament : « La
sagesse du Seigneur est grande, fort est son pouvoir, et il voit tout » ;
c’est-à-dire, par sa sagesse divine, le regard de Dieu est tellement pénétrant,
Il scrute le secret de toutes créatures et Il connaît aussi l’homme jusqu’au
profondeur de son cœur, comme dit le Prophète Jérémie : le Seigneur
« pénètre le cœur et scrute les reins » (Jr 17,10).
Et dans sa première Epître aux Corinthiens, l’Apôtre Paul
confirme ces paroles transmises par la sainte Ecriture et il développe en
disant que cette Sagesse divine, Dieu en a fait un don à ses fidèles : Il
l’a mise devant « ceux qui sont adultes dans la foi » ;
et plus exactement, elle est un don de son Esprit-Saint, l’Esprit par lequel Dieu
a révélé son dessein, sa volonté. Et l’Apôtre dit : « l’Esprit
scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu ».
C’est-à-dire, par le don de la Sagesse reçu de l’Esprit-Saint, l’homme peut lui
aussi discerner et contempler les mystères de Dieu.
Maintenant
nous pouvons comprendre que la Sagesse de Dieu est essentiellement liée au
regard, elle nous permet de voir ce que nos yeux ne voient pas. C’est dans le
même sens que le Pape François nous enseigne dans sa catéchèse sur les dons de
l’Esprit-Saint, il dit : « La sagesse est ce que le Saint-Esprit
accomplit en nous afin que nous voyons toutes les choses avec les yeux de Dieu ». Regarder
toute chose avec le regard de Dieu, mais aussi reconnaître et contempler Dieu
par ce même regard, en discernant sa présence dans notre vie, en repérant ses
actions et sa conduite dans notre histoire. Puisque cette Sagesse vient de Dieu,
elle est le don de son Esprit-Saint, elle nous permet donc de découvrir Dieu
dès ici et maintenant.
Mais comment pouvons-nous recevoir de Dieu ce don précieux qui est
la sagesse ? Je pense que c’est tout simplement nous mettre en présence de
Dieu, nous laisser regarder par Dieu, nous livrer totalement à Lui.
C’est-à-dire : nous nous exposons sans réserve à son regard pénétrant qui
scrute nos cœurs et nos reins. C’est par son regard posé sur nous, que Dieu
peut purifier, éclairer, jusqu’à sanctifier nos regards ; et c’est par
cette communication de regard que nous entrerons enfin en communion intime avec
Dieu.
Cependant, nous livrer sans réserve au regard de Dieu, nous le
savons, c’est bien souvent difficile. Nous avons peur du regard de Dieu, nous avons
peur d’être jugés par Dieu ; puisqu’au fond de nous, nous avons tous
quelques choses que nous aurions préféré garder exclusivement pour nous-mêmes.
Qui peut vraiment s’ouvrir entièrement à Dieu et se livrer
librement à son regard et entrer ses mains ? En me questionnant, il m’est
venu ce poème de Marie Noël tiré de ses Notes intimes, intitulé : Prière
d’un pauvre.
Vous
voilà, mon Dieu. Vous me cherchiez ?
Que me voulez-vous ? (Je n’ai rien à vous montrer,) Je n'ai rien à vous donner.
Depuis notre dernière rencontre,
je n'ai rien mis de côté pour vous.
Rien... pas une bonne action. J'étais trop lasse.
Rien... Pas une bonne parole. J'étais trop triste.
Rien que le dégoût de vivre, l'ennui, la stérilité.
- Donne ! (-répond-Il)
- (et) La hâte, chaque jour, de voir la journée finie, sans servir à rien ;
le désir de repos loin du devoir et des œuvres,
le détachement du bien à faire, le dégoût de vous, ô mon Dieu !
- Donne ! (-répond-Il encore)
- La torpeur de l'âme, le remords de ma mollesse
et la mollesse plus forte que le remords...
- Donne !
- Le besoin d'être heureuse, la tendresse qui brise,
La douleur d'être moi sans recours.
- Donne !
- Des troubles, des épouvantes, des doutes...
- Donne ! donne ! donne !
Que me voulez-vous ? (Je n’ai rien à vous montrer,) Je n'ai rien à vous donner.
Depuis notre dernière rencontre,
je n'ai rien mis de côté pour vous.
Rien... pas une bonne action. J'étais trop lasse.
Rien... Pas une bonne parole. J'étais trop triste.
Rien que le dégoût de vivre, l'ennui, la stérilité.
- Donne ! (-répond-Il)
- (et) La hâte, chaque jour, de voir la journée finie, sans servir à rien ;
le désir de repos loin du devoir et des œuvres,
le détachement du bien à faire, le dégoût de vous, ô mon Dieu !
- Donne ! (-répond-Il encore)
- La torpeur de l'âme, le remords de ma mollesse
et la mollesse plus forte que le remords...
- Donne !
- Le besoin d'être heureuse, la tendresse qui brise,
La douleur d'être moi sans recours.
- Donne !
- Des troubles, des épouvantes, des doutes...
- Donne ! donne ! donne !
-
Seigneur ! Voilà que, comme un chiffonnier,
Vous allez ramasser des déchets, des immondices.
Qu'en voulez-vous faire, Seigneur ?
- Le Royaume des Cieux.
Vous allez ramasser des déchets, des immondices.
Qu'en voulez-vous faire, Seigneur ?
- Le Royaume des Cieux.
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