« Jésus,
souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume »
À cette demande du malfaiteur repenti, le Seigneur répondit sur sa
Croix : « Amen,
je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le
Paradis ».
« Demande,
et il te sera donné »
(Mt 7,7), et bien plus que tu n’as osé demander, puisque le salut
n’est plus une simple promesse, tu le reçois aujourd’hui,
à l’instant-même où tu ouvres ton cœur au pardon de Dieu :
oui, « aujourd’hui,
avec le
Fils de Dieu, comme un enfant égaré mais retrouvé,
tu seras accueilli
dans le Paradis ».
Dans
la bouche de Jésus, le mot « aujourd’hui »
est un mot chargé d’importance. À la Synagogue de Nazareth, le
jeune rabbi encore méconnu du public prononça son premier sermon :
« Aujourd’hui
s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre »
(Lc 4,21) ; et sur le chemin vers Jérusalem, vers l’achèvement
de sa Mission terrestre, le Messie dit au sujet de Zachée, le
publicain méprisé : « Aujourd’hui,
le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils
d’Abraham »
(Lc 19,9).
Avec
la venue de Jésus, l’« aujourd’hui »
de Dieu entra dans l’histoire de l’homme. Désormais, chaque jour
devient « aujourd’hui »
de Dieu, puisqu’à chaque jour, le salut nous est donné et la
Miséricorde est à l’œuvre. Le temps du salut de Dieu, le temps
de son inépuisable Miséricorde, est cet éternel « aujourd’hui ».
Et
c’est pourquoi aujourd’hui,
rassemblés dans la Maison de Dieu, nous prions avec ferveur et
confiance pour nos fidèles défunts, pour ces êtres chers que nous
avons perdu. Mais si nous nous sommes perdus de vue avec nos défunts,
ils ne nous ont pas quitté pour autant : puisque, « […]
il
n’y a pas un royaume des vivants et un royaume des morts, il n’y
a que le royaume de Dieu, vivants ou morts, et nous sommes dedans »1,
ainsi écrit Georges Bernanos dans le Journal
d'un Curé de campagne.
Il
n’y a que le Royaume de Dieu, il n’y a que le Royaume de sa
divine Miséricorde. Avec chaque acte de foi et chaque acte de
charité que nous posons dans la confiance et la liberté, et à
chaque fois lorsque nous nous ouvrons à la sainte Espérance, la
grâce que nous recevons de la Miséricorde de Dieu sera aussi une
source de joie et de consolation pour nos chers défunts, puisque,
l’amour toujours présent et actuel de Dieu nous tient dans une
même et seule Communion ; et le catéchisme de l’Église
catholique nous la confirme fermement dans son N° 958 […]
« Reconnaissant
dès l’abord cette communion qui existe à l’intérieur de tout
le corps mystique de Jésus-Christ, l’Église en ses membres qui
cheminent sur terre a entouré de beaucoup de piété la mémoire des
défunts dès les premiers temps du christianisme en offrant aussi
pour eux ses suffrages ; car ‘la pensée de prier pour les morts,
afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée
sainte et pieuse’
(2 M 12, 45) » (LG 50). Notre
prière pour eux peut non seulement les aider mais aussi rendre
efficace leur intercession en notre
faveur. »
Oui,
c’est dans la foi en Communion des saints que nous prions
aujourd'hui
pour les fidèles défunts. Et cette Communion est la preuve et
l’expression même de l’infinité et de l’éternelle actualité
de la Miséricorde divine, qui a, d’ores et déjà, vaincu la
séparation de la vie et de la mort.
Oui,
aujourd'hui,
et à chaque aujourd'hui,
nous sommes en communion avec nos frères défunts par la Sainteté
de Dieu, par son infinie Miséricorde, et nous sommes sur le même
chemin, et nous marchons ensemble vers la vision bienheureuse de
Dieu.
1 Georges
Bernanos, Œuvres Romanesques, coll. Bibliothèque de la
Pléiade ; 1961, Paris ; p. 1161.
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