Abbe J-S

Abbe J-S

dimanche 5 juin 2016

Xe Dimanche du Temps ordinaire – 5 juin 2016 (Année C)

Dans les lectures que la liturgie de ce dimanche nous propose, nous pouvons repérer un parallélisme évident entre le passage du Premier livre des rois et le récit de l’évangile selon saint Luc. Il s’agit de deux veuves, ayant perdu leurs fils uniques, morts tous deux prématurément, puis miraculeusement retournés à la vie ; ces deux miracles, le premier opéré par le Prophète Élie, le second, par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Nous pouvons dire qu’en faisant ce miracle, le Seigneur Jésus se comporte comme le nouvel Élie, attendu par le peuple, dont la venue annoncera la fin des temps. Cependant, la différence des deux événements est bien profonde : dans le premier récit, le garçon est retourné à la vie grâce à la supplication du Prophète – en priant Dieu, Élie se révèle comme homme de Dieu et intercesseur de son peuple. Dans le récit de l’évangile, le Christ agit au nom de Lui-même : « Jeune homme, je te l’ordonne : lève-toi ! » En parlant ainsi, Il se révèle comme Homme-Dieu – bien plus qu’Élie, bien plus que Prophète, Il est Lui-même Maître de la Vie et de la Mort.

Ayant compris cette nuance, nous pouvons aller encore plus loin en questionnant : quel est le sens des deux miracles ? Certes, ces deux jeunes hommes sont retournés à la vie, et leurs mères, les deux veuves sont épargnées d’une situation plus tragique et plus misérable. Mais cela n’est pas le salut. Ces deux jeunes hommes, comme la jeune fille du chef de la synagogue dans le chapitre V de l’évangile selon saint Marc, ou bien comme Lazare de l’évangile selon saint Jean, ils sont tous revenus à une vie qui est toujours mortelle. Et ils mourront plus tard.

« Les hommes meurent, et ils ne sont pas heureux », cette sentence de Caligula, le héros de l’absurde d’Albert Camus, résume peut-être la fragilité la plus fatale de l’être humain : si l’homme est conditionné par sa mortalité, son bonheur sera toujours éphémère et relatif : puisque l’homme mortel tend de son intérieur vers l’absolu, il a soif de l’absolu, il a soif de la vraie Vie.

Mais d’où vient le malheur de la mort ? Le livre de la Genèse nous enseigne que la mort vient du péché : c’est au moment où nos premiers parents se détournaient de Dieu, que la mort est devenue la souffrance ultime de l’homme. L’homme, séparé et éloigné de Dieu, devient prisonnier de la mort.

Si cette vie n’est que cela, à quoi bon de la redonner à l’homme, comme l’ont fait le Prophète Élie et Notre-Seigneur ? C’est finalement la voix du peuple qui révèle la vraie signification de ces miracles : « Un grand Prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple ».

Si la mort devient le malheur de l’homme à cause de notre séparation avec Dieu, alors qu’aujourd’hui, Dieu, l’auteur de la Vie, vient vers nous, vers son peuple dans la Personne de son Fils unique. Et puisque Dieu se révèle dans son Fils, le Verbe fait homme, tout homme qui s’attache à ce Fils retrouvera sa communion avec Dieu. Et en marchant à la suite de ce Fils, qui est pour nous le chemin, la vérité et la Vie, et qui est mort et a ressuscité pour notre salut, la mort ne sera plus pour nous un malheur qui nous anéantit, mais un passage qui nous mène vers la Maison du Père, vers le face-à-face avec notre Créateur.

Frère et sœurs, Dieu vient nous visiter pour nous donner la Vie véritable que nous avons perdue ; Il vient vers nous aujourd’hui, ici et maintenant, sur l’autel dans la très sainte Eucharistie. Recevoir l’Eucharistie avec foi, c’est saisir la Vie que Dieu nous offre dans le don de Lui-même. Prenons donc au sérieux du geste que nous allons poser devant l’autel, que chaque Communion au Corps du Christ soit pour nous un vrai acte de foi, qui se renouvelle chaque dimanche. Qu’il en soit ainsi.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire