Abbe J-S

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samedi 11 juin 2016

Homélie du XIe dimanche du Temps Ordinaire, Année C – 12 juin 2016

Nous avançons dans l'année sainte de la Miséricorde, et voilà l’Évangile de cet onzième dimanche du Temps Ordinaire nous donne un enseignement admirablement profond sur la Miséricorde de Dieu ; et surtout, il nous illustre ce qu'est « accueillir la Miséricorde de Dieu ».

Saint Luc, l'écrivain le plus sublime des quatre évangélistes, nous met devant une scène extraordinaire : dans la maison d'un notable pharisien nommé Simon, lors d'un festin auquel Jésus était convié en qualité de Rabbi ; survint alors une femme, une pécheresse reconnue ; et, entrant dans la salle, elle se mit directement derrière Jésus, et elle couvrit les pieds de ce dernier du parfum précieux et de ses baisers, et elle les essuya de ses chevaux. Ces gestes plus que osés, nous pouvons les qualifier de « gestes affectueux », pour ne pas dire sensuels. Et ces gestes ont été posés publiquement, mais devant quel public ! Les pharisiens, les personnes religieuses et vertueuses, ceux qui incarnent l’observance stricte de la loi Mosaïque et qui orientent les opinions de publiques. Et évidemment, à cet instant, tous les regards sont fixés sur Jésus, et nous savons que si personne n'avait empêché l'entreprise de cette pécheresse, c'est parce que ces notables qui étaient présents voulaient savoir ce qui allait se produire, et comment Jésus allait réagir.
Nous connaissons ce qu'est la réaction de Jésus, son attitude libératrice et salutaire à l'égard de cette femme, mais revenons sur elle : qu'est-ce qui l'a poussée à faire cette folie ? D'où vient son audace surprenante ?
Sans doute, elle a déjà entendu parler de Jésus : ce Jésus qui en traversant la terre de Galilée et de Judée annonce l'arrivée du Royaume de Dieu et enseigne la conversion à tous ; ce Jésus qui guérit les malades, relève les infirmes, chasse les esprits mauvais et en libère les captifs ; et surtout ce Jésus qui est un rabbi, non pas comme les autres, mais il ose toucher ceux qui étaient intouchables, fréquenter ceux qui n'étaient pas fréquentables, et il va vers ceux ont été rejetés, exclus, et il les fait revenir sur le chemin vers Dieu en leur donnant le pardon.
Elle qui était intouchable, infréquentable, rejetée et exclue, en apprenant l'arrivée d'un tel Maître, elle y vois son Messie et son cœur éteint s'allume par une espérance nouvelle, et elle a décidé d'aller à sa rencontre.
Mais si en entrant dans la maison de Simon, elle a pu repérer aussitôt celui que son cœur cherchait, très probablement, elle connaissait déjà le visage de Jésus. Peut-être, elle l'a déjà aperçu de loin en se dissimulant parmi la foule qui le suivait. Peut-être elle-même l'a déjà suivi depuis quelques jours. Nous ne pouvons pas savoir ce qu'elle a vu, mais une chose est certaine : l'ayant vu de ses yeux, ce qu'elle avait entendu auparavant a été confirmé ; et bien plus, le visage de Jésus lui a donné cette certitude que, bien avant être pardonnée, elle était déjà aimée – elle a cette certitude d'être aimée de ce rabbi, en qui Dieu est présent, alors elle a décidé de répondre à cet amour immérité et inespéré par l'expression de son propre amour, elle a décidé de lui dire son amour par ses gestes : ses gestes audacieux mais humbles et sincères, ses affectueux, amoureux mais profondément chastes et purs, ses gestes silencieux mais qui font entendre le cri de son cœur.
Cette femme n'a pas demandé le pardon, mais en accueillant l'amour divin, elle est déjà pardonnée ; elle n'a pas demandé le salut, mais en manifestant son amour, elle est déjà sauvée ; elle est à présent fondue en larmes, mais de ses larmes jaillissent déjà les rayons de la joie ; elle s'est prosternée aux pieds de son Sauveur, mais dorénavant elle est relevée par les mains de Dieu.
Cette femme a vécu une véritable expérience de la Miséricorde de Dieu. La Miséricorde de Dieu n'est pas une pitié hautaine et impersonnelle qui nous est donnée avec mépris ou condescendance, mais elle est ce sans quoi notre vie perd de sens et tombe en ruine ; elle est toujours là à portée de nos mains, elle nous précède et nous environne, elle frappe sur la porte de notre cœur en voulant être accueillie.

Le Pape Benoît XVI dit : « Seulement là où on voit Dieu commence véritablement la vie. Seulement lorsque nous rencontrons dans le Christ le Dieu vivant, nous connaissons ce qu’est la vie. Nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l’évolution. Chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire ». Cet amour qui nous précède et donne sens à notre vie est le cœur même de la Miséricorde de Dieu. Et le don de cette Miséricorde se renouvelle encore aujourd'hui, puisqu'elle se fait chair dans le Corps du Christ, elle est présente dans l'Eucharistie. 

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