« Alors
leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se
partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Et tous
furent remplis d'Esprit-Saint ».
L'Esprit-Saint descendu du Ciel sur chacun des Apôtres sous forme de
feu. Ce passage peut nous faire penser à cette parole du Christ
rapportée dans l'évangile de saint Luc : « Je
suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il
soit déjà allumé ! »
(Lc 12,49) Ici, le verbe « balein »
veut plutôt dire « jeter » qu'« apporter ».
Le Christ est venu dans le monde pour « jeter » un feu
sur la terre, mais ce feu ne pouvait pas encore être allumé – il
faut d'abord que tout soit accompli (Jn 19,30) : il faut que le
Fils fût élevé sur la Croix comme le serpent de bronze élevé par
Moïse (Jn 3,14) ; il faut qu'il fût livré, tué, enseveli, et
que le troisième qu'il ressuscitât (Lc 24,46) ; et encore, il
faut qu'il partît, qu'il montât vers Dieu, vers son Père (Jn
20,17), c'est alors que le feu de l'Esprit-Saint peut venir dans le
monde et s'allumer partout sur la terre. « Il
vaut mieux pour vous que je m’en aille, dit
le Seigneur,
car, si je ne m’en vais pas, (l'Esprit-Saint) le Défenseur ne
viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai »
(Jn 16,7). La venue de l'Esprit-Saint, la diffusion de ce feu divin,
est donc le fruit des mystères pascales, c'est-à-dire : le
fruit de la Passion, de la mort, de la résurrection et de
l'Ascension du Christ, elle est l'accomplissement de Pâques,
l'accomplissement de toute la mission terrestre du Fils.
Le
Fils de Dieu est venu dans le monde pour nous apporter un feu. Quel
est donc ce feu ?
Nous
savons que dans la mythologie grecque, il y ait aussi quelqu'un qui a
apporté le feu au monde – un Titan, nommé Prométhée, a dérobé
le feu sacré de l'Olympe et l'a apporté à l'homme. Selon les
poètes de jadis, grâce au feu volé par Prométhée, l'homme, ayant
l'intelligence éclairée, obtint les secrets des arts, put désormais
rivaliser avec les dieux.
Le
feu de Prométhée a pu donc faire sortir l'homme de l'obscurité de
l'ignorance. L'homme libéré et illuminé, réclame aux divins son
indépendance. Karl Marx voit en ce Prométhée cette « haine
des dieux », et le nomme « le tueur des dieux ».
Est-ce
que Jésus-Christ est le Prométhée des chrétiens ? Mais le
feu de l'Esprit-Saint que le Christ a fait descendre du Ciel n'est
pas volé de Dieu, il est donné par Dieu, il est le don de Dieu.
Plus exactement, si sur la Croix, le Christ a fait de sa vie un don
suprême à toute l'humanité, le feu de l'Esprit-Saint est le don du
Père qui vient confirmer et achever le don de son Fils qui est la
révélation même de son amour. Oui, la mort du Christ sur la Croix
est l'expression la plus parfaite de l'amour de Dieu irréversible et
sans limite ; et par sa résurrection, Dieu, avec sa puissance
de Créateur fait jaillir de l'abîme de la mort la lumière de la
vie invincible ; et enfin, l'Esprit-Saint souffle dans le monde,
il diffuse dans le cœurs de tous ses enfants dispersés la chaleur
délicate de la tendresse du Père.
Et
bien sûr, le feu de l'Esprit-Saint consume : il consume en nous
tous ceux qui nous séparent de Dieu, tous ceux qui nous aliènent,
enlaidissent, alourdissent – il consume le péché, et en le
consumant, il nous purifie, il nous édifie, il nous élève.
Frères
et sœurs, ouvrons nos cœurs au souffle de l'Esprit-Saint – si le
don de l'Esprit n'est pas accueilli en nous, le don du Christ ne
pourrait pas donner son fruit. Puisque, si le Fils s'est donné à
nous, c'est pour que, à notre tour, nous devenions des fils et des
filles d'un même Père, mais c'est l'Esprit-Saint qui nous fait
connaître qui est le Père, c'est l'Esprit-Saint qui, dans nos cœur,
crie vers Dieu : « Abba, Père ». Oui, nous sommes
des enfants de Dieu, et que le monde entende le cri de nos cœurs.
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