Abbe J-S

Abbe J-S

lundi 24 août 2015

"Dieu s'en va, Dieu se retire de nous, comme il nous laisse à la fois vides et lourds!... Le drame de l'Europe est un drame spirituel, le drame de l'Europe est un drame de l'esprit... Un cadavre est essentiellement, cela va sans dire, une chose inanimée, au sens exact du mot, privée d’âme. Mais ce n’est pas une chose inerte. Le cadavre est au contraire tout frémissant, tout vibrant, tout grouillant de mille combinaisons nouvelles, dont l’absurde diversité se retrace dans les diaprures et les chatoiements de la pourriture. Ces histoires ne sont pourtant pas une histoire. Le cadavre en décomposition ressemble beaucoup – si un cadavre peut ressembler à quelque chose – à un monde où l’économique l’a emporté décidément sur le politique, et qui n’est plus qu’un système d’intérêts antagonistes inconciliables, un équilibre sans cesse détruit dont le point doit être cherché toujours plus bas. Le cadavre est beaucoup plus instable que le vivant, et
si le cadavre pouvait parler, il se vanterait certainement de cette révolution, de cette évolution accélérée qui se traduit par des phénomènes impressionnants, par des écoulements et des gargouillements sans nombre, une fonte générale des tissus dans une égalité parfaite, il ferait honte au vivant de sa relative stabilité, il le traiterait de conservateur." G. Bernanos, La liberté pour quoi faire ?, Genève, septembre 1946

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