Abbe J-S

Abbe J-S

dimanche 26 juillet 2015

Homélie du 26 juillet, XVII dimanche du Temps Ordinaire de l'Année B, à St Clément de Metz

Chers amis, ne trouvez-vous pas qu’il est un peu étrange que Jésus-Christ, Notre-Seigneur a besoin de ces cinq pains et deux poissons pour réaliser ce miracle ? Lui la Parole créatrice de Dieu, et c’est bien par Lui que Dieu le Père a créé toutes choses à partir du néant : Dieu dit, et cela est, c’est ce que nous lisons dans le livre de la Genèse. Mais aujourd'hui, il semble avoir besoin que l’on lui donne quelque chose.
Alors on a trouvé ce gamin qui apporte à lui cinq pains et deux poissons. Qu’est-ce que ces cinq pains et ces deux poissons ? Le très sage saint Augustin y voit un symbolisme : il dit dans son Traité sur l’évangile selon saint Jean que les cinq pains signifient les cinq livre de la Loi, c’est-à-dire la Torah, et les deux poissons, le sacerdoce et la royauté du Christ, Lui qui est à la fois le Grand Prêtre et le Souverain Roi. Saint Augustin a certainement raison.
Mais aujourd’hui, en lisant cette page d’Évangile, spontanément, je suis touché par la figure de ce jeune garçon, qui, à cause de son âge, n’était même pas compté parmi les cinq mille hommes – puisque les femmes et les mineurs, ça ne comptait pas pour les juifs de ce temps ; et, seul devant une telle foule si affamée, il faut vraiment être candide – pour ne pas dire dupe – pour vouloir révéler si facilement ce qu’il avait dans sa bourse. Son geste plus que généreux, me fait penser à cette veuve qui a mis ses deux pièces d’argent dans le trésor du Temple et pour qui le Seigneur a dit qu’elle avait donné plus que tous les autres puisqu’elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre. Et c’est cela, ce geste surprenant de ce jeune garçon, qui a permis à ce grand miracle de se réaliser.
Le vrai miracle, c’est la multiplication, la multiplication d’un petit rien, mais ce petit rien vient de l’homme, et donné avec la simplicité du cœur. Cette multiplication est le fruit de la communion féconde et généreuse de la grâce de Dieu et de la confiance de l’homme.
Cette communion qui existait à l’origine, a été défigurée par le péché. Si Dieu a envoyé son Fils Jésus-Christ dans le monde, c’est pour que, par le don de son Fils, Il renouvelle son engagement envers l’homme, afin que la communion première entre Dieu et l’homme soit rétablie et perfectionnée dans la Nouvelle Alliance, celée par le sang du Christ. Mais l’engagement de Dieu appelle l’engagement de l’homme. Comment l’homme peut-il s’engager dans cette Alliance nouvelle avec Dieu, sinon par sa foi en la Parole de Dieu incarnée dans la personne de son Fils unique ? La foi, c’est tout ce que nous pouvons offrir à Dieu, et elle est figurée bien souvent dans peu de chose : dans les deux pièces d’argent de la veuve, ou dans les cinq pains et les deux poissons de ce jeune garçon.

Etty Hillesum écrit dans son journal le 29 juin 1942 : « C’est à nous de t’aider, mon Dieu, et de défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous ». Cette petite et humble demeure qui abrite Dieu en nous, c’est notre foi. Laissons-Lui cette place, ce petit rien qu’Il nous demande ; et entretenons cette demeure, c’est-à-dire, vivre en communion avec Dieu en nous appuyant sur sa grâce, et c’est ainsi que nous devenions, nous, ses véritables enfants. Et cela, n’est-il pas aussi miracle de son divin amour ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire