Chers
amis, ne trouvez-vous pas qu’il est un peu étrange que
Jésus-Christ, Notre-Seigneur a besoin de ces cinq pains et deux
poissons pour réaliser ce miracle ? Lui la Parole créatrice de
Dieu, et c’est bien par Lui que Dieu le Père a créé toutes
choses à partir du néant : Dieu dit, et cela est, c’est ce
que nous lisons dans le livre de la Genèse. Mais aujourd'hui, il
semble avoir besoin que l’on lui donne quelque chose.
Alors
on a trouvé ce gamin qui apporte à lui cinq pains et deux poissons.
Qu’est-ce que ces cinq pains et ces deux poissons ? Le très
sage saint Augustin y voit un symbolisme : il dit dans son
Traité
sur l’évangile selon saint Jean
que les cinq pains signifient les cinq livre de la Loi, c’est-à-dire
la Torah, et les deux poissons, le sacerdoce et la royauté du
Christ, Lui qui est à la fois le Grand Prêtre et le Souverain Roi.
Saint Augustin a certainement raison.
Mais
aujourd’hui, en lisant cette page d’Évangile, spontanément, je
suis touché par la figure de ce jeune garçon, qui, à cause de son
âge, n’était même pas compté parmi les cinq mille hommes –
puisque les femmes et les mineurs, ça ne comptait pas pour les juifs
de ce temps ; et, seul devant une telle foule si affamée, il
faut vraiment être candide – pour ne pas dire dupe – pour
vouloir révéler si facilement ce qu’il avait dans sa bourse. Son
geste plus que généreux, me fait penser à cette veuve qui a mis
ses deux pièces d’argent dans le trésor du Temple et pour qui le
Seigneur a dit qu’elle avait donné plus que tous les autres
puisqu’elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre. Et c’est
cela, ce geste surprenant de ce jeune garçon, qui a permis à ce
grand miracle de se réaliser.
Le
vrai miracle, c’est la multiplication, la multiplication d’un
petit rien, mais ce petit rien vient de l’homme, et donné avec la
simplicité du cœur. Cette multiplication est le fruit de la
communion féconde et généreuse de la grâce de Dieu et de la
confiance de l’homme.
Cette
communion qui existait à l’origine, a été défigurée par le
péché. Si Dieu a envoyé son Fils Jésus-Christ dans le monde,
c’est pour que, par le don de son Fils, Il renouvelle son
engagement envers l’homme, afin que la communion première entre
Dieu et l’homme soit rétablie et perfectionnée dans la Nouvelle
Alliance, celée par le sang du Christ. Mais l’engagement de Dieu
appelle l’engagement de l’homme. Comment l’homme peut-il
s’engager dans cette Alliance nouvelle avec Dieu, sinon par sa foi
en la Parole de Dieu incarnée dans la personne de son Fils unique ?
La foi, c’est tout ce que nous pouvons offrir à Dieu, et elle est
figurée bien souvent dans peu de chose : dans les deux pièces
d’argent de la veuve, ou dans les cinq pains et les deux poissons
de ce jeune garçon.
Etty
Hillesum écrit dans son journal le 29 juin 1942 : « C’est
à nous de t’aider, mon Dieu, et de défendre jusqu’au bout la
demeure qui t’abrite en nous ».
Cette petite et humble demeure qui abrite Dieu en nous, c’est notre
foi. Laissons-Lui cette place, ce petit rien qu’Il nous demande ;
et entretenons cette demeure, c’est-à-dire, vivre en communion
avec Dieu en nous appuyant sur sa grâce, et c’est ainsi que nous
devenions, nous, ses véritables enfants. Et cela, n’est-il pas
aussi miracle de son divin amour ?
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