En
accueillant ses disciples revenant de leur première mission, Le
Seigneur Jésus voulait conduire son petit troupeau – uniquement
les sien – vers un endroit désert, à l’écart, et le faire
reposer.
Cependant,
la foule ne voulait pas le lâcher. À pieds, de toutes les villes,
ils coururent, et même ils devancèrent Jésus et ses disciples sur
l’autre rive, et ils l’attendirent. Cette foule affamée, cette
foule épuisée, cette foule vulnérable et perdue, elle se
présentait en ce jour devant Jésus dans toute sa pauvreté, avec
son désir ardent, elle semblait vouloir s’imposer à lui, avec foi
et insistance, afin qu’il devienne dès maintenant son berger, son
Pasteur.
Oui,
cette foule semble avoir bien compris la véritable mission de
Jésus : il n’est pas venu pour établir quelques-uns, mais
Dieu l’a envoyé pour eux et pour tous. En venant vers lui, en le
suivant, la foule voulait réveiller en lui cette insondable
miséricorde divine, et le pousser à aller plus loin dans sa mission
rédemptrice.
N’est-ce
pas étonnant de voir que sur cette page d’Évangile, cette foule
audacieuse semble être plus lucide que Notre-Seigneur lui-même sur
sa propre mission ? Et si cette foule a pu reconnaître en Jésus
son Pasteur, n’est-ce pas parce qu’elle en a vraiment besoin ?
N’est-ce pas parce que depuis si longtemps elle a souffert de
l’abandon, elle a été affligée par la faim et la soif et
tourmentée par la peur et l’égarement, et qu’elle attendait un
Pasteur, un vrai bon Pasteur, un Pasteur juste et miséricordieux,
qui saura prendre soin d’elle, qui va la nourrir par d’herbe
fraîche en abondance et la rassasier par la source d’eau vive, et
enfin la conduire jusqu’à sa demeure désirée ?
Dans
ce désir ardent de la foule, nous pouvons entendre résonner le beau
psaume XXIIe
que nous venons de chanter : le Seigneur est mon Berger, rien ne
saurait me manquer, sur des prés d’herbe fraîche, il me fait
reposer…
Jusqu’au
IVe
siècle, berger et brebis, pâturage verdoyant et eaux vives
appartenaient à la décoration des baptistères. Et un peu partout
dans l’Église à cette époque, les néophytes – c’est-à-dire
les nouveaux baptisés, chantaient le Ps XXII quand ils se rendaient
du baptistère à la basilique pour y recevoir pour la première fois
la très sainte Eucharistie – le pain de la vie et la coupe du
salut, le très saint Corps et le très précieux Sang de
Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le peuple de Dieu, régénéré par la
grâce, éprouve en lui la faim et la soif de Dieu, son unique
Pasteur, et le désir de s’y attacher.
La
faim et la soif de Dieu, c’est la vitalité du peuple de Dieu,
c’est la vitalité de son Église. Nous ne pouvons pas être
nourris par Dieu sans que nous soyons habités par cette faim et
cette soif. Dieu ne peut pas être le sauveur d’un peuple qui n’a
pas besoin de son salut. Dieu ne peut pas habiter un cœur dans
lequel il n’est pas attendu. C’est notre désir qui peut hâter
les pas de Dieu pour qu’Il vienne à nous. C’est notre désir
ardent qui peut faire de nous son peuple, et que sans ce désir, nous
redeviendrons des brebis sans berger.
Il
y a quelque temps, un représentant de nos frères d’une autre
religion a manifesté publiquement son désir de récupérer nos
églises désertées pour en faire leurs lieux de culte. Je ne suis
pas ici pour commenter cette réclamation. Mais vous le savez comme
moi : nos églises ne peuvent être remplies par nos soupirs de
regret ou de nostalgie, ni par notre indignation, elles ne peuvent
être remplies que par les chrétiens, les chrétiens en chair et en
os, les chrétiens qui sont habités par la faim et la soif de Dieu.
Dans
quelques instants, le Seigneur notre bon Pasteur viendra vers nous et
il va nous nourrir de son propre Corps. Que ici et maintenant le
Seigneur ravive en nous notre faim notre soif, et notre désir de
nous unir à Lui.
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