Abbe J-S

Abbe J-S

dimanche 8 février 2015

Homélie du 5e dimanche du Temps Ordinaire de l'Année B, 8 Février 2015

Dans la première lecture de ce dimanche, Job nous a fait entendre cette triste affirmation : « Vraiment, la vie de l'homme sur la terre est une corvée » ; il est surprenant, il est peut-être même injurieux qu'une telle parole nous l'avons attribuée à Dieu, et nous avons même rendu grâce pour elle. Est-ce vraiment que la vie de l'homme sur la terre n'est qu'une corvée ? Et quelle corvée ? Job nous dit ceci : « Comme l'esclave qui désire un peu d'ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye, […] (mais) je n'ai en partage que le néant » ; cette lamentation de Job nous fait voir le vrai malheur de cette corvée : si l'homme n’œuvre que pour lui-même, s'il n'a pour l'objet qu'une consolation éphémère et une rétribution imminente, il n'obtiendrait rien que le néant, et il ne serait jamais comblé, satisfait ; et toute sa peine, ne certifie que davantage le vide sans fond qui l'habite. Et si notre vie n'est que cela, est-elle vraiment un don de Dieu ?
Or, dans la deuxième lecture, l'apôtre Paul, en décrivant son engagement dans la mission, nous illustre une autre possibilité de notre vie actuelle. Cette vie est en effet aussi laborieuse, puisque Paul dit : « libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous ». Et pourtant, cet esclavage que Paul lui-même a choisi ne vise aucunement un gain à son intérêt personnel, mais il a pour but de « gagner le plus grand nombre possible » d'hommes – non pour lui Paul, mais pour l’Évangile de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour que cet Évangile soit annoncé à tous, qu'il gagne le cœur de tous. Et même s'il ne pouvait gagner que « quelques uns », peu importe, pour ces quelques uns, « à tout prix », il se fera « tout à tous ». Et cet engagement, que lui-même a qualifié de l’esclavage, n'est point pour lui une infortune, le malheur est plutôt le contraire : « Malheur à moi si je n'annonçais pas l’Évangile ! » dit l'Apôtre.
Nous voyons que Job pris dans sa peine, pour lui, sa vie n'est qu'une corvée ; et Paul labourait dans le champ du Seigneur, mais pour lui son malheur c'est surtout être séparé de son ouvrage. En comparant ces deux témoignages, nous pouvons comprendre que ce qui décide si notre vie est heureuse ou malheureuse, ce n'est pas tant la pesanteur qu'elle porte, mais plutôt l'horizon qu'elle vise.
La vie de Paul est laborieuse mais heureuse, puisque cette vie est entièrement un don offert à Dieu pour son œuvre dans le service des autres.
Offrir sa vie à Dieu, c'est la noble vocation de tout homme. Saint Ignace de Loyola nous dit : « L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu Notre-Seigneur ». Puisque nous sommes créés pour Dieu, pour sa gloire et pour participer à sa gloire, notre vie ne se réalise que en tant que offrande faite à Dieu. Cette offrande peut se réaliser dans une vie formellement consacrée, comme la vie religieuse ou la vie sacerdotale qui porte en soi un signe visible du Royaume de Dieu dans le monde présent ; elle peut aussi se réaliser dans la vie de tout homme et de toute femme, dans la vie familiale, dans la vie professionnelle, en tant que époux ou épouse, en tant parent ou enfant, en tant employé ou employeur. Le même saint Paul nous enseigne ainsi dans sa lettre aux colossiens : « tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (Col 3,17).
Et une vie offerte à Dieu s'oriente nécessairement vers le service des autres. Puisque, si nous osons libérer en nous le don de Dieu qui est l'amour gratuit que nous avons reçu dans le sacrifice de Notre-Seigneur, il deviendra un élan puissant qui nous poussera à dépasser notre égoïsme, et nous nous inclinerons dans la joie pour laver les pieds de nos frères comme Notre-Seigneur Jésus-Christ, et comme l'Apôtre Paul, nous serons fiers d'être esclaves de tous.

Chers amis, c'est à nous de choisir si notre vie est une corvée ou un bonheur, choisissons le chemin du bonheur, il nous mènera vers le Seigneur.

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