« Ecce ancilla Domini :
fiat mihi secundum verbum tuum ;
voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole. » C’est,
nous le savons, avec le « fiat » de Marie, cette jeune fille humble
et méconnue de Nazareth, que la lumière du salut perça l’obscurité du péché, et
que l’histoire du genre humain entra dans une ère nouvelle.
Si aujourd’hui, Marie est vénérée par tous les chrétiens
authentiques comme la « Porte du Ciel, Porta
caeli », c’est bien parce qu’à ce jour-là, à cet instant-là, elle a
été pour Dieu, par son consentement libre et total, la porte de ce monde, la
porte par laquelle, le Créateur entra dans l’univers créé, en faisant siennes
la pesanteur et la fragilité de notre chair.
En effet, depuis que le tentateur vola le « oui » d’Ève,
la mère de tous les vivants, et souilla ainsi l’innocence de nos premiers
parents, une porte close s’installa entre Dieu et l’humanité et les sépara.
Cependant, l’amour incessant et inlassable du Créateur ne s’est point découragé ;
ne voulant pas que le porteur de son image soit à jamais sujet de la
corruption, alors il tint devant cette porte fermée, et il attendit.
Dans un passage du Cantique des Cantiques, Dieu fit entendre à son
peuple le désir profond et ardent de son cœur par la voix de l’Époux : « Aperi mihi, soror mea, amica mea, columba
mea, immaculata mea ; ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, mon
immaculée. » (Ct 5,2)
Oui, comme un mendiant d’amour, Dieu veut que cette porte s’ouvre
devant Lui, et qu’elle soit ouverte par la volonté de celle qui, ayant un cœur
vraiment pur et une âme généreuse, sait accueillir l’impossible avec une
liberté audacieuse et innocente, et Il l’appela déjà son
« Immaculée ».
Et voilà, avec le « fiat » de Marie, avec le
« oui » de l’Immaculée, le monde renaquit, la Miséricorde divine
devint une réalité visible, puisqu’elle portera désormais un visage d’homme, et
la terre entière s’éveilla en s’ouvrant aux merveilles du Ciel, et sur la
blancheur de l’aurore, se dessina le renouveau de l’Alliance entre Dieu et son
peuple.
Aujourd’hui nous célébrons la solennité de la Conception Immaculée
de la très sainte Mère de Dieu, mais méditons davantage sur cet instant unique
de toute l’histoire, méditons sur cet « oui » qui a été décisif non
seulement pour elle-même, pour sa nation, mais aussi pour nous tous, en nous souvenant
le « oui » que nous avons nous-mêmes prononcé un jour dans notre
vie.
Je pense à cet « oui » que j’ai dit devant l’évêque à
Dieu et à toute son Église lors de mon ordination sacerdotale, il y a à peine
quelques mois. Et vous, une grande partie d’entre vous aussi, un jour vous avez
dit cet « oui » dans le sanctuaire de Dieu l’un à l’autre, et par ce
mot si beau et si solennel, vous êtes devenus l’unique l’un pour l’autre et
ensemble, unis par Dieu, vous êtes devenus « un », pour toujours.
Cependant, nous savons, vous comme moi, que combien sommes-nous
fragiles et inconstants, et que le chemin que nous avons à arpenter est jalonné
de dangers et de tentations. Mais n’oublions pas le « oui » de
l’Immaculée, le « oui » qu’elle a prononcé ce jour-là à l’Ange de
Dieu, pour l’humanité et pour chacune et chacun d’entre nous ; et c’est bien
par cet « oui » qu’elle est devenue pour nous l’étoile du matin,
l’étoile qui nous annonce le jour sans déclin et qui éclaire nos cœurs et nous
conduit vers la finalité de notre pèlerinage, vers son divin Fils,
Notre-Seigneur.
Oui, méditons le « oui » de Marie, gravons-le dans le
plus profond de notre cœur, que la lumière de sa pureté dissipe les ténèbres de
nos doutes, de nos peurs, et que nos « oui », si souvent timides et
hésitants soient consolidés par le sien. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire