Abbe J-S

Abbe J-S

lundi 2 novembre 2015

Homélie pour la solennité de la Toussaint 2015

« Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant Trône et devant l’Agneau ».
Cette vision de l’Apôtre saint Jean dessinée dans le livre de l’Apocalypse nous révèle ce qu’est réellement la victoire du Christ : la victoire du Christ, la victoire de la sainte Croix se manifeste par ce peuple des sauvés ; ce peuple en chair et en os, ce peuple debout, vivant, ce peuple qui est la nouveauté suprême et ultime du Ciel nouveau et de la terre nouvelle, ce peuple qui élève nos âmes vers les réalités d’en haut, vers les réalités du siècle à venir, vers les réalités qui, pénétrant déjà dans l’air de notre temps comme signe de salut et de contradiction.
Oui, en cette foule immense et indénombrable, rayonne la victoire du Christ, la gloire de l’amour de Dieu. Mais pourquoi l’Église nous invite à contempler cette liturgie céleste aujourd'hui ? En quoi cette foule nous concerne, de sorte qu’elle fasse l’objet de cette solennité que nous célébrons ? Qui sont-ils pour nous, ceux qui constituent cette immense foule ?
Ces questionnements nous invitent à revenir sur un élément essentiel de notre foi : à la Messe dominicale chaque fois lorsque nous professons notre foi baptismale par le symbole des Apôtres, nous disons que nous croyons à la Communion des saints. Cette Communion des saints, qui semble peut-être à un concept théologique plutôt difficile est en effet le nom le plus exacte de notre Église : « l’Église une, sainte, catholique et apostolique » est véritablement la Communion des saints, sa réalité totale déborde grandement sa réalité visible et terrestre. Les saints dont les noms et les visages nous sont bien familiers, les saints qui nous ont touchés par la sublimité de leur enseignement, par l’ardeur de leur amour, par le rayonnement de l’exemple de leur vie, mais aussi les saints dont les noms et les parcours nous sont inconnus mais Dieu seul connaît la beauté de l’âme bien qu'elle est bien cachée sous le voile de l'humilité : tous ces élus du Ciel qui forment ensemble cette immense foule devant la majesté de Dieu, ils sont nos aînés dans la foi. Par leur ouverture intérieure à l’Esprit-Saint, le Christ, Fils unique du Dieu vivant est présent en chacun de ces membres. C’est par eux que nous voyons la destinée lointaine de notre chemin de chrétien ; c’est par eux que nous comprenions que notre combat ne consiste pas à instaurer une chrétienté mondaine, ou à réaliser un idéal spirituel à notre mesure humaine, et qu’ici-bas l’amour véritable, l'amour que nous recevons de Dieu, ne peut qu’être vécu comme une blessure ouverte, dans laquelle sera semée la semence du Royaume des Cieux.
Mais en admirant cette liturgie céleste de tous les saints, nous savons aussi que ce n’est pas non plus un arrière monde ou une arrière vie que nous espérons : lorsque nos voix rejoignent les leurs, nos cœurs s’enflamment en touchant la pureté de leur charité, et le Ciel est déjà parmi nous : puisque, cimentés par la foi reçue d’un même baptême, nous constituons ensemble d’un même édifice, qui s’élève sur l’horizon de l’éternité, et unifiés par celui-ci notre vie béatifique a déjà commencé.

Oui, aujourd’hui cette foule immense s’ouvre devant nous, afin que nous puissions y prendre chacun et chacune notre place, bien qu’il y a encore ce chemin qui nous sépare, bien qu'il y a encore ce mystérieux paradoxe du « déjà là et pas encore », mais que cette vision bienheureuse soit déjà le visage de notre espérance, qui nous illumine, qui nous encourage, qui veille sur nous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire