Devant
ses disciples, le Seigneur Jésus est monté au Ciel. « Que
veut dire : Il est monté ? – écrit
Apôtre saint Paul
– cela veut dire qu'il était d'abord descendu dans les régions
inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même
qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l'univers ».
(Ep IV)
Jésus-Christ
Notre-Seigneur, le Fils unique de Dieu, le Verbe divin, avant son
retour auprès du Père, il est d'abord descendu du Ciel. Cette
descente du Fils de Dieu est mentionnée dans notre profession de
foi ; dans le Symbole de Nicée-Constantinople : « Pour
nous les hommes et pour notre salut, il est descendu du Ciel ;
par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s'est fait
chair ».
Dieu s'abaisse pour devenir « l'un parmi nous » – le
Dieu-Emmanuel, et pour nous relever et nous redonner la dignité de
l'enfant de Dieu – la dignité que nous avons perdu à cause du
péché.
Et
nous savons que l'abaissement du Christ Jésus s'est accompli sur la
Croix. Dans son Épître aux Philippiens, saint Paul nous a livré ce
magnifique
hymne christologique qui résume tous les mystères du Christ :
« Le
Christ Jésus,
ayant
la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait
à Dieu.
Mais
il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, [...], il
s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort
de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté
du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout
genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute
langue proclame : ''Jésus Christ est Seigneur'' à la gloire de
Dieu le Père ».
De
son humble abaissement à sa glorieuse exaltation, de la fête de
Noël à la fête de l'Ascension, se dessine devant nous le chemin
tracé par Notre-Seigneur, balisé par ses paroles vivifiantes et ses
œuvres rédemptrices. Ce chemin, chers frères et sœurs, devrait
aussi être le nôtre : puisque le Christ est notre chemin,
comme il est notre unique vérité et la plénitude de notre vie ;
il nous invite à arpenter ce chemin qu'il a aplani pour nous – ce
chemin qui commence par l'abaissement, et s'achève dans l'élévation.
« Abaissez-vous
devant le Seigneur, et il vous élèvera »
(Jc 4,10), nous dit l'Apôtre saint Jacques. Mais quel abaissement –
sinon l'humilité de reconnaître en Dieu notre Créateur, l'unique
tout-puissant et notre sauveur infiniment miséricordieux, et
reconnaître en nous la créature infime et blessée, mais qui est
appelé à redevenir enfant de Dieu ?
C'est
en ayant un cœur d'enfant, un cœur rempli d'affection filial et
d'obéissance que nous devenions vraiment enfant de Dieu ; c'est
en quittant notre « grandeur » artificielle et illusoire
et en acceptant notre réelle petitesse que nous pouvons pénétrer
dans l'amour paternel de Dieu qui nous élève et nous fera grandir.
« mon
âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa
mère »,
chante le psalmiste dans psaume 130e.
Et sur ces mots, on peut aussi percevoir la petite voie de sainte
Thérèse : son ascenseur spirituel qui l'a élèvé directement
jusqu'au Ciel, et c'est cela « la porte étroite ».
Mais
l'exemple suprême de l'humilité filiale n'est-ce pas celui de
Notre-Seigneur ? Lui le petit enfant de Bethléem, couché dans
la mangeoire, lui le roi humilié que l'on a exposé sur le bois de
supplice, lui le mendiant d'amour qui se tient à notre porte
froidement fermée : connaissons-nous une humilité encore plus
grande que celle de Notre-Seigneur et Notre Dieu ?
Et
aujourd'hui, le Seigneur s'abaisse encore, pour venir à nous sous un
aspect encore plus humble, sous un morceau de pain : « Voici,
chaque jour, Il s'humilie comme lorsque des trônes royaux, il vint
dans
le ventre de la Vierge ; chaque jour, il vient lui-même à nous sous
une humble apparence ; chaque jour, il descend du sein du Père sur
l'autel dans les mains du prêtre.
» (Admonitiones
I, 16-18)
Ces mots de saint François d'Assise nous disent ce qu'est vraiment
la très sainte Eucharistie.
Oui,
Notre-Seigneur s'abaisse pour venir jusqu'à nous, et nous,
osons-nous nous abaisser nous aussi, afin d'être élevés par Lui et
de nous unir à Lui ?
Puisse le
Christ eucharistique, par son amour divinement humble, fasse naître
en nous la même humilité. Amen.
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