Abbe J-S

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jeudi 14 mai 2015

Homélie de la solennité de l'Ascension du Seigneur (14 mai 2015 - l'Année B)

Devant ses disciples, le Seigneur Jésus est monté au Ciel. « Que veut dire : Il est monté ? – écrit Apôtre saint Paul – cela veut dire qu'il était d'abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l'univers ». (Ep IV)
Jésus-Christ Notre-Seigneur, le Fils unique de Dieu, le Verbe divin, avant son retour auprès du Père, il est d'abord descendu du Ciel. Cette descente du Fils de Dieu est mentionnée dans notre profession de foi ; dans le Symbole de Nicée-Constantinople : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il est descendu du Ciel ; par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s'est fait chair ». Dieu s'abaisse pour devenir « l'un parmi nous » – le Dieu-Emmanuel, et pour nous relever et nous redonner la dignité de l'enfant de Dieu – la dignité que nous avons perdu à cause du péché.
Et nous savons que l'abaissement du Christ Jésus s'est accompli sur la Croix. Dans son Épître aux Philippiens, saint Paul nous a livré ce magnifique hymne christologique qui résume tous les mystères du Christ : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, [...], il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : ''Jésus Christ est Seigneur'' à la gloire de Dieu le Père ».
De son humble abaissement à sa glorieuse exaltation, de la fête de Noël à la fête de l'Ascension, se dessine devant nous le chemin tracé par Notre-Seigneur, balisé par ses paroles vivifiantes et ses œuvres rédemptrices. Ce chemin, chers frères et sœurs, devrait aussi être le nôtre : puisque le Christ est notre chemin, comme il est notre unique vérité et la plénitude de notre vie ; il nous invite à arpenter ce chemin qu'il a aplani pour nous – ce chemin qui commence par l'abaissement, et s'achève dans l'élévation.
« Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera » (Jc 4,10), nous dit l'Apôtre saint Jacques. Mais quel abaissement – sinon l'humilité de reconnaître en Dieu notre Créateur, l'unique tout-puissant et notre sauveur infiniment miséricordieux, et reconnaître en nous la créature infime et blessée, mais qui est appelé à redevenir enfant de Dieu ?
C'est en ayant un cœur d'enfant, un cœur rempli d'affection filial et d'obéissance que nous devenions vraiment enfant de Dieu ; c'est en quittant notre « grandeur » artificielle et illusoire et en acceptant notre réelle petitesse que nous pouvons pénétrer dans l'amour paternel de Dieu qui nous élève et nous fera grandir. « mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère », chante le psalmiste dans psaume 130e. Et sur ces mots, on peut aussi percevoir la petite voie de sainte Thérèse : son ascenseur spirituel qui l'a élèvé directement jusqu'au Ciel, et c'est cela « la porte étroite ».

Mais l'exemple suprême de l'humilité filiale n'est-ce pas celui de Notre-Seigneur ? Lui le petit enfant de Bethléem, couché dans la mangeoire, lui le roi humilié que l'on a exposé sur le bois de supplice, lui le mendiant d'amour qui se tient à notre porte froidement fermée : connaissons-nous une humilité encore plus grande que celle de Notre-Seigneur et Notre Dieu ?
Et aujourd'hui, le Seigneur s'abaisse encore, pour venir à nous sous un aspect encore plus humble, sous un morceau de pain : « Voici, chaque jour, Il s'humilie comme lorsque des trônes royaux, il vint dans le ventre de la Vierge ; chaque jour, il vient lui-même à nous sous une humble apparence ; chaque jour, il descend du sein du Père sur l'autel dans les mains du prêtre. » (Admonitiones I, 16-18) Ces mots de saint François d'Assise nous disent ce qu'est vraiment la très sainte Eucharistie.
Oui, Notre-Seigneur s'abaisse pour venir jusqu'à nous, et nous, osons-nous nous abaisser nous aussi, afin d'être élevés par Lui et de nous unir à Lui ?

Puisse le Christ eucharistique, par son amour divinement humble, fasse naître en nous la même humilité. Amen.

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