Après
avoir reçu l’Annonce de l’Ange, Marie, portant déjà en elle le
germe du Messie, « se
rendit avec l’empressement vers la région montagneuse, dans une
ville de Judée »,
pour visiter sa cousine Élisabeth, l’épouse de Zacharie ; la
vieille femme appelée « stérile » se trouvant à ce
jour-là à son sixième mois de grossesse.
« Cette
épisode,
dit le Pape Benoît XVI, n’est
pas un simple geste de courtoisie, mais représente avec une grande
simplicité la rencontre de l’Ancien avec le nouveau Testament. Les
deux femmes, toutes deux enceintes, incarnent en effet l’attente et
l’attendu. Élisabeth âgée symbolise Israël qui attend le
Messie, tandis que la jeune Marie, porte en elle l’accomplissement
de cette attente, au profit de toute l’humanité ».
(Catéchèse du 23 décembre 2012)
Selon
l’enseignement du saint Père, en Élisabeth s’incarne la
première Alliance. Cette œuvre généreuse de Dieu était, à cette
époque, considérée comme mourante et stérile. Cependant, la
fécondité d’Élisabeth est aujourd’hui miraculeusement éveillée
par l’Esprit-Saint : puisqu’en elle est conçu le plus grand
des enfants de l’homme, le Précurseur, celui qui préparera la
venue du Sauveur, celui qui désignera au sein de son peuple la
présence du Messie. Cet inouï et inespéré renouveau dans
l’histoire sainte nous fait comprendre la véritable vocation du
peuple élu : par son Alliance avec le Très Haut, Israël est
chargé de faire connaître au monde, plongé dans l’ignorance de
la nuit par le péché, le nom de l’unique vrai Dieu, la clarté et
la beauté de son visage, la tendresse de son amour miséricordieux.
Cette vocation est la vitalité même de ce peuple choisi par Dieu
entre toutes les nations. Sans aucun mérite de sa part, Dieu veut,
par ce peuple, se révéler au monde entier.
Et
pourtant, de génération en génération, malgré les efforts
généreux et inlassables de nombreux Prophètes, Israël n’a pas
su persévérer dans sa vocation. Et par la voix d’Isaïe, on
entend le regret profond du cœur blessé de Dieu : « La
vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le
plant qu’ il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en
attendait le droit, et voici le crime ; il en attendait la
justice, et voici les cris »
(Is 5,7).
Mais
au sein de la maison d’Israël, il y a ces quelques pauvres et
insignifiants qui demeurent fidèles à l’Alliance sacrée, ils ne
veulent pas que l’œuvre de Dieu se trouve en définitif abandon et
ils supplient le Seigneur : « Dieu
de l’univers reviens ! Du haut des cieux regarde et vois :
visite cette vigne et protège-la, celle qu’a plantée ta main
puissante. Que ta main soutienne ton protégé, le fils de l’homme
qui te doit sa force. Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom ! »
(Ps 79)
La
conception de Jean le Baptiste par Élisabeth la « stérile »,
n’est-ce pas la réponse clémente de Dieu à l’humble et
insistante prière de ses fidèles ? La vie d’Israël
refleurit dans la naissance du dernier et le plus grand Prophète de
la première Alliance, et sa vocation aboutit par cette voix qui
acclamant : « Voici
l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ».
Et
nous, mes chers frères et sœurs, nous sommes l’Église de Dieu,
le peuple racheté par le sang du Christ, nous sommes l’Israël
nouveau d’aujourd’hui, le peuple élu pour l’Alliance nouvelle,
et nous avons la même vocation de faire connaître au monde le
visage de l’unique vrai Dieu, le Dieu de Jésus-Christ, le Dieu de
l’infinie miséricorde. Et la vie de l’Église ne peut trouver sa
vigueur et sa fécondité qu’en recevant sans cesse sa vocation. Si
notre Église est aujourd’hui vieillissante, si notre travail se
trouve stérile, c’est peut-être parce que nous avons égaré en
quelque sorte notre vocation. Mais en faisant rayonner la miséricorde
de Dieu, en vivant la joie de l’Évangile, nous pouvons recevoir de
Dieu un élan toujours nouveau.
Que
le divin enfant de Bethléem qui va naître sème en nous un ardent
désir évangélique, et que nous puissions, durant cette année
sainte inaugurée par le Pape François, être tous des authentiques
et courageux apôtres de la miséricorde de Dieu dans un monde
assoiffé de l’amour et de la paix. Amen.