Abbe J-S

Abbe J-S

dimanche 12 avril 2015

Homélie du 12 avril 2015, Dimanche de la Miséricorde

Après avoir écouté ce passage de l'évangile selon saint Jean bien connu, mesurons-nous l'humilité surprenante de Notre-Seigneur ?
« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » L'Apôtre Thomas refusa ainsi de croire le témoignage de ses collègues.
Le refus de Thomas provient d'une attitude parfaitement humaine, une attitude que l'on peut même qualifier de « scientifique ». Pour l'homme, ceux qui ne peuvent être abordé, vérifié, analysé par ses sensibilités, n'offrent pas non plus de sens intelligibles, et ne sont donc pas crédibles. Cette attitude est une attitude juste et honorable à l'intérieur des sciences de nature.
Or, les réalités de Dieu s'échappent aux sciences à la mesure de l'homme. La résurrection de Jésus-Christ n'est pas une réalité qui puisse être saisie par les sensibilités humaines ni par son entendement.
Devant les limites de l'homme, devant sa misérable petitesse, Notre-Seigneur, le Ressuscité, il ne s'en moque pas. Encore une fois, il s'abaisse. Il s'adresse à son disciple incrédule, non pour le reprocher, mais pour s'offrir à lui : tu veux voir mes plaies ? Tu veux les toucher ? Me voici, regarde-moi, avance ta main...
Si aujourd'hui, le premier dimanche après Pâques, nous célébrons la miséricorde de Dieu, sachons bien que dans cette miséricorde divine il n'y a rien de condescendent à notre égard. Dieu nous dit sa miséricorde dans son humilité. C'est par cette inconcevable humilité que son Verbe, le Verbe de Vie, le Verbe en qui se révèlent tous les mystères du Ciel, s'est fait chair de notre chair : Le Verbe s'est chair, et il a demeuré parmi nous, afin que nos yeux puissent le contempler, et que nos mains puissent le toucher, et que, malgré notre pauvreté et l'obstacle de nos péchés, nous ayons l'accès aux mystères de Dieu et à la vie divine.
Et cette humilité de Dieu a fait l'écho dans le cœur de son disciple. Si, l'Apôtre Thomas incarne, en quelque sorte, l'incrédulité de l'homme, il est non moins le modèle de la conversion. C'est dans sa bouche que nous avons entendu cette incomparable profession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ». C'est le sommet de toutes les professions de foi des quatre évangiles. Et c'est la seul profession de foi qui attribue à Jésus-Christ le titre de « Dieu ».
Le Ressuscité, celui qui s'est relevé d'entre les morts, est notre Dieu. Ce n'est pas la marque des clous qui a révélé à Thomas ceci, mais c'est son cœur qui s'est ouvert à l'amour infiniment grand et infiniment humble du Dieu vivant.
Notre-Seigneur, en se faisant humble, a pu obtenir l’ouverture du cœur de l'Apôtre Thomas. Aujourd'hui, il s'adresse à nous, sous un aspect encore plus humble – il s'adresse à nous sous le voile de l'Eucharistie. Dans la très sainte Eucharistie, le Seigneur s'offre à chacun de nous, non seulement il nous laisse le contempler, il nous laisse le toucher, et bien plus, par la sainte Communion, il veut devenir une partie de nous-mêmes.
Le Pape saint Pie X, une très grande figure de sainteté du XXe siècle, a donné ce conseil admirablement judicieux à tous les fidèles catholiques : à chaque Messe, lors de l'élévation des saintes espèces, en les adorant, nous pouvons dire à voix basse ou simplement dire dans nos cœurs la profession de foi de l’Apôtre Thomas : « mon Seigneur et mon Dieu ». Puisque c'est vraiment Notre-Seigneur et notre Dieu qui, du haut des cieux, s'abaisse jusqu'à nous, et il veut se donner à nous dans ce petit morceau de pain si banal, il veut s'unir à nous d'une façon aussi humble et pauvre, afin que nous puissions, nous aussi, avoir part à son amour, à son salut.